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1 329 logements occupés par des retraités à Tizi-Ouzou

Depuis près de deux mois, les fonctionnaires retraités de l’éducation occupant les logements de fonction et les logements d’astreinte (lycées et collèges) sont dans la tourmente. Sommés de quitter leurs habitations, ils ne savent plus à quel saint se vouer.

Après avoir été invités à remettre les clés à l’amiable aux chefs d’établissements, des mises en demeure leur sont transmises. Certains craignent d’être poursuivis en justice. «C’est la deuxième mise en demeure que je reçois. Mais, je n’ai pas où aller. Et puis, mes enfants sont grands et n’ont pas de toit. Vont-ils nous jeter à la rue ?», s’interrogera cet enseignant retraité de Tizi-Gheniff. Pour ce concierge, de surcroît ancien moudjahid, cette décision ne devrait pas viser tout le monde. «Il y a ceux qui ont acheté ces logements avec un prix dérisoire. Et puis, moi par exemple, j’ai occupé ce logement durant toute ma carrière. J’ai même des enfants qui sont encore scolarisés. Si je suis sommé de partir dans quelques jours, toute la vie de mes enfants donc sera chamboulée à quelques jours des examens de fin d’année», ajoutera cet autre retraité. «Certes, j’ai bénéficié d’un F3. Mais, aujourd’hui, mes enfants sont grands. Et il y a même ceux qui sont dans l’enseignement. N’ouvrent-ils pas droit eux aussi à un toit ?», nous répondra un enseignant de Tizi-Gheniff auquel nous avons posé la question. Les cas sont nombreux. Et à chacun sa raison. Ces fonctionnaires qui ont donné leurs plus belles années de jeunesse à l’éducation et à la formation de nombreuses générations se sentent abandonnés par leur tutelle, alors que des solutions sont possibles. «Quarante ans de loyaux services, atteint de trois maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle, cholestérol) et voilà le cadeau qu’on me donne : Remets les clés et va dormir à la belle étoile. N’est-ce pas une ingratitude caractérisée ?», fulminera ce retraité la gorge nouée. Pour les responsables du secteur, ils seront traités au cas par cas. Il y a ceux qui ont en bénéficié. Pour ceux-là ils seront obligés de quitter les lieux sous peine d’être forcés à sortir. Pour ceux qui n’ont pas bénéficié des aides de l’Etat (logement, aide sociale, terrain à bâtir), ils pourront bénéficier de l’une des formules, à savoir le LPA ou encore dans les programmes de l’AADL. A cette proposition, beaucoup d’entre eux répondent qu’ils ne seront pas capables de régler les tranches à l’avance. «Le saviez-vous ? Pour un logement LPA ex-LSP, il faudra verser comme première tranche 70 millions de centimes. Y a-t-il vraiment un retraité âgé de soixante-dix ans qui possède cette somme ? Et que fera-t-il pour régler les autres tranches qui dépasseront les 140 millions de centimes ?», nous interrogera cet autre retraité. Devant cette situation à laquelle peut-être ils ne s’attendaient pas, la concertation est ouverte entre eux en vue de s’organiser en association afin de se défendre. Au niveau de la Direction de l’éducation, un recensement a été fait. Il ressort que 1 329 logements sont encore occupés par ces retraités. Pour les procédures retenues, elles sont classées ainsi : 822 interpellations à quitter les logements, 220 mises en demeure, 48 procédures de justice et 46 décisions de justice à exécuter afin de libérer ces logements avec la force publique. En tout cas, c’est un autre problème épineux auquel vont se heurter les responsables de l’éducation, non seulement au niveau de cette wilaya, mais à l’échelle nationale.

Amar Ouramdane

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