Les prix au plus haut depuis trois mois

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Les prix du pétrole semblent, ces derniers jours, renouer avec les hausses. Ils ont atteint en effet leur plus haut niveau depuis plus de trois mois. Ainsi, dopés par la pression des Européens en faveur d’une saisine du Conseil de sécurité de l’Onu sur le dossier iranien, et par la nouvelle explosion d’un oléoduc au Nigeria, les prix du « light sweet crude » ont atteint jeudi dernier à New York, les 64,95 USD, soit le niveau le plus élevé depuis le 3 octobre dernier. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord, a atteint 63,27 dollars sur l’échéance de février, le plus haut seuil également depuis la même date de 2005. »La situation en Iran rend les gens nerveux », expliquait une analyste. « Si l’Onu est impliquée, il pourrait y avoir des sanctions (contre l’Iran), donc cela accroît les inquiétudes des courtiers », a ajouté la même source. Réunie à Berlin ce jeudi, la Troïka européenne (France, Allemagne, Royaume-Uni) s’est dite favorable à une saisine du Conseil de sécurité de l’Onu sur la question de la reprise par l’Iran de son programme nucléaire. Le marché pétrolier craint que d’éventuelles sanctions de l’Onu contre l’Iran ne fassent grimper les prix du brut à de nouveaux records, car Téhéran pourrait répliquer en réduisant ses exportations de brut. « La tournure que prennent les relations avec l’Iran représente un risque important de hausse des prix du pétrole », prévient un autre analyste. Pour lui, il n’est pas difficile d’imaginer un scénario selon lequel les prix reviendraient au-dessus de 70 dollars assez rapidement.Le prix du brut avait atteint 70,85 dollars après le passage, fin août 2005, du cyclone Katrina aux Etats-Unis, un record depuis le début de sa cotation à New York en 1983. L’Iran est le deuxième plus gros producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), avec 4,2 millions de barils par jour (mbj). Par ailleurs, une nouvelle explosion a visé un oléoduc du géant pétrolier anglo-néerlandais Shell, dans le sud du Nigeria, provoquant une baisse de production de 226.000 barils par jour. « Cela contribue aussi à la progression des prix aujourd’hui et va probablement continuer à y contribuer jusqu’à demain », observait Veronica Smart. « Si la situation continue ainsi, les prix pourraient (…) évoluer à nouveau entre 65 et 70 dollars », a-t-elle estimé.Par ailleurs, une « guerre du pétrole » oppose la Banque mondiale (BM) au Tchad. En décidant de suspendre les versements des prêts de la Banque à N’Djamena puis de geler le compte de garantie sur lequel sont reversés les revenus du pétrole tchadien, l’ancien « faucon » de l’administration Bush, Paul Wolfowitz et actuel premier responsable de la BM, a adopté une ligne dure à l’égard du Tchad. « Il a pris la bonne décision en gelant les prêts et en déclenchant en conséquence le gel du compte de la Citibank à Londres », estime Ian Gary, représentant à Washington de l’Organisation non gouvernementale (ONG) britannique Oxfam. Le gel de ce compte à double-clé empêche N’Djamena de toucher les royalties versées par la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil, à la tête du consortium qui exploite le pétrole tchadien. En tant que numéro deux du Pentagone de 2001 à 2005, Paul Wolfowitz a été l’un des principaux artisans de la guerre contre l’Irak. Sa nomination à la tête de la BM pour remplacer James Wolfensohn, qui passait pour un modéré, avait été fraîchement accueillie par plusieurs ONG et avocats des pays les plus pauvres.

AFP et R. N

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