Après les frimas et les neiges de l’hiver, voilà le printemps, tafsut, d’un verbe fsu, qui signifie « être fleuri, être éclos”, en parlant des fleurs et des plantes. Et, effectivement, c’est l’éclosion, en Kabylie. Même s’il reste encore des nuages dans le ciel, même s’il y a, de temps à autre, de la pluie ou même quelques flocons (on ne sait jamais !), le temps est à l’éclaircie, à l’herbe verte et au gazouillis des oiseaux ! Il était temps, car, il ne faut pas oublier que nous avons presque fini la première quinzaine de mars sans avoir vu le soleil darder ses rayons ! Or, dans le comput traditionnel algérien, le printemps commence le 15 du mois de Furar (28 février du calendrier grégorien) et qu’à cette date la campagne est fleurie et que la chaleur commence à s’installer. Autrefois, le premier jour du printemps, comme le premier jour de l’année (yannayer) était fêté dans la joie avec la célébration de rites, la cueillette de plantes vertes, symbole de renouveau et d’abondance, ainsi que des plats de circonstance: crêpes, beignets, pains levés, couscous… Les enfants s’amusaient et chantaient de jolies chansons à Lalla Tafsut, Dame Printemps (le mot est féminin en berbère). C’était une occasion de se divertir, de partager avec les siens de bons moments de conviviabilité… Tout cela a disparu ou presque mais le printemps, bien que tardif cette année, réjouit les regards et remplit les cœurs de joie. C’est un bonheur de voir les champs fleuris, de humer un air frais et revigorant; les amateurs de mesfouf aux plantes, dont la fameuse taghadiwt, les cardes d’artichaut, vont se donner à cœur joie !
S. Aït Larba
