Quels outils pour le grand dessein de redressement ?

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 par Amar Naït Messaoud

Le quatrième gouvernement de Abdelmalek Sellal- après ceux de septembre 2012, septembre 2013 et mai 2014- est, globalement, vu comme une équipe de terrain désignée par le président de la République dans un moment un peu particulier de la vie de la nation. Les précédents cabinets Sellal ne comportaient pas moins d’enjeux face aux échéances des élections locales, législatives et présidentielles. Outre les enjeux politiques, qui continuent d’ailleurs à avoir leur pesant de « brouillage » face à une opposition à la recherche de coalitions patchwork dont la première caractéristique est sans doute la disharmonie, la conjoncture économique et sociale pèse de tout son poids dans la recherche d’une équipe qui managerait efficacement les outils de la relance. Sans doute que, pour le nouveau cabinet désigné jeudi dernier, le mot « relance » est, soit quelque peu équivoque, soit d’un niveau insuffisant pour caractériser le défi à relever. En effet, face à la dégringolade des prix du baril de pétrole sur les marchés mondiaux, l’Algérie a besoin de capitaliser toutes les réflexions engagées depuis plusieurs années sur la diversification économique qui puisse mettre fin à l’hégémonie des hydrocarbures dans la structure de l’économie nationale. Le premier gouvernement Sellal, ayant eu la « chance » d’avoir travaillé à l’ombre d’un baril de 110 dollars, n’a pas cependant manqué d’engager des pistes de réflexions- aussi bien au ministère de l’Industrie que lors des réunions des tripartites- afin d’instaurer un autre climat d’investissement, porté sur la débureaucratisation, sur l’amélioration de l’offre foncière dans le cadre des zones d’activité et des zones industrielles, ainsi que sur l’encouragement des PME/PMI, véritable ossature des économies émergentes à travers le monde. Le traitement social du chômage, par des dispositifs d’emplois d’attente, a montré ses limites. Les micro entreprises (créées dans le cadre de l’Ansej, de l’Angem ou de la Cnac) ont besoin d’un recentrage qui privilégie le long terme et la création de la plus-value par rapport au satisfecit éphémère d’avoir constitué tant d’entreprises sans lendemain. L’agriculture continue à pâtir d’un déficit de technicité de l’instabilité du régime foncier, de la perte des terres agricoles aussi bien par l’érosion que par le détournement de leur vocation par des puissances d’argent; comme elle souffre de la rupture de la chaîne qui mène vers l’agroalimentaire, alors que, en la matière, les potentialités sont immenses. Le concept de sécurité alimentaire n’a sans doute jamais été aussi vulgarisé sans qu’il y ait de résultat palpable sur le terrain. L’actuel stress hydrique qui affecte les céréales constituera un poids supplémentaire dans la facture d’importation que l’on tient pourtant à réduire coûte que coûte. L’économie informelle continue de drainer près de la moitié de la masse monétaire dont dispose le pays et d’être à l’origine d’une grave évasion fiscale, tout en constituant un danger pour la sécurité du consommateur (produits alimentaires et pièces de rechange). La décrépitude de l’école algérienne réclame un coup d’arrêt. La nation ne peut plus se permettre d’injecter l’un des plus grands budgets du monde pour un résultat aussi piteux, qui n’a aucune incidence positive sur l’économie. Il en est de même de l’environnement qui enregistre chaque jour des revers, sans pour autant que l’Algérie soit un pays industrialisé pollueur. Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore, le nouveau gouvernement Sellal est appelé à continuer les efforts amorcés il y a presque trois ans; mais, il y a lieu de redoubler la cadence et de s’ouvrir sur les solutions réelles, loin des demi-mesures. C’est la seule façon de faire adhérer les populations au grand dessein du redressement social et économique.    

 A.N.M

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