Le Salon de l’artisanat et des métiers s’est ouvert, hier, à la Maison de la culture de Bouira, dans un climat peu festif, du moins par rapport aux premières journées des deux éditions précédentes.
La directrice de la chambre de l’artisanat et des métiers, Ibtissem Aguida, qui assistait à cette ouverture est, cependant, d’un autre avis. Selon elle, ce salon qui s’étalera sur cinq jours, se caractérise par plus d’activités. Il rassemble 70 exposants venus des quatre coins du pays (Tindouf, Tamanrasst, Adrar, Tougourt, El Oued, Béchar, Ghardaia, Aïn Defla, Blida, Alger, Boumerdès, Tizi-Ouzou..), ce qui lui donne une dimension plutôt nationale que régionale. A noter toutefois l’absence des officiels. Cela étant, une nouveauté caractérise cette édition : la présence d’un centre d’estampillage pour les tapis. Ceux qui se fabriquent à Bouira porteront désormais leur propre marque. Autre chose pour marquer ces journées dédiées à l’artisanat ; une journée d’étude lui sera entièrement consacrée. Elle se tiendra aujourd’hui, lundi, sous le thème : produits artisanaux et marketing. Pour encourager l’esprit d’entreprise Pour la directrice de la chambre de l’artisanat et des métiers, le but de ce Salon est avant tout commercial. Il s’agit de faire connaître et faire vendre les produits artisanaux. C’est le seul moyen d’aider ces métiers qui perpétuent les traditions à travers un savoir-faire ancestral. La production artisanale est, certes, abondante et déborde des stands, mais elle est peu variée. On constate dès l’entrée une exposition de bijoux, de perles, de dattes, de miels, de robes traditionnelles, de tapis, de poteries, de vannerie. On remarque autour des stands peu de visiteurs, accentuant cette première impression qui vous saisit dès le seuil de cette exposition. On remarque aussi les trois dispositifs d’aide aux jeunes, désireux de créer leurs propres entreprises : ANSEJ, ANGEM et ANEM. Sans entrer dans les détails, ANSEJ et ANGEM encouragent l’esprit d’entreprise par un financement qui plafonne à un milliard de centimes, le tout à des taux avantageux. Ils sont de 1% lorsque les crédits sont de moins de 500 millions et de 2% lorsqu’ils dépassent ce montant. L’exonération d’impôt est de 3 ans, mais peut aller jusqu’à 5 ans et plus pour ceux qui emploient deux travailleurs permanents. De son côté l’ANEM, qui tient aussi son stand d’orientation, au même titre que l’ANSEJ et l’ANGEM, offre ses services à travers trois types de contrats : le CID, le contrat d’insertion des diplômés (licence, masters et autres diplômes universitaires), le CIP, le contrat d’insertion des professionnels (les diplômés des centres de formation professionnelle) et le contrat de formation d’insertion (CFI pour les non diplômés et sans niveau). Enfin, dernier contrat : le contrat de travail aidé (CTA) où l’ANEM sert d’intermédiaire entre l’employé et l’employeur pour décrocher un contrat déterminé.
La vannerie, un métier menacé
Depuis 67 ans qu’il exerce ce métier, Sadouni El Demi, de la wilaya d’El Oued, a encore beaucoup de vigueur. Ses doigts agiles tressent des couffins et des nattes avec des palmes. C’est un métier qu’il tient des anciens qu’il a vus faire ce métier. Mais qui voudrait encore des couffins ? Le sachet noir et la lutte qu’il déclenche contre lui pourraient faire revenir ce produit à la mode. Le vannier d’El Oued garde espoir. Aux festivals et salons où il a exposé son produit se vend bien. Les petits couffins surtout qui servent d’emballage aux dattes. A El Oued, lui et quatre autres vanniers ont vendu au salon, qui s’y tenait il y a peu, mille couffins ! Des Algériens travaillant à l’étranger lui font des commandes parfois. A Ghadaïa et à Biskra, les autorités lui auraient proposé du travail afin qu’il enseigne ce métier aux jeunes. Malgré cela, il craint qu’après lui, il n’y ait personne pour conserver ce savoir-faire si ancien. Pourtant, et alors que notre bref entretien avec la directrice de la chambre de l’artisanat et des métiers touchait à sa fin, un monsieur arrivait pour demander la place qu’on lui avait réservée pour l’exposition de ses produits : il fabrique des couffins, des nattes et mêmes des chapeaux. Lui, c’est avec les palmes de doum ou, si l’on veut, des palmiers nains qu’il travaille. Ce vannier a créé une association qui active dans la commune de Khabouzia, à une trentaine de km à l’ouest de Bouira. Lui aussi est convaincu que la vannerie est un métier condamné du moins dans notre région.
Aziz Bey