Taddart, un village à l'épreuve du temps et de la nature

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Taddart, l'ancien village du chef-lieu communal de Chorfa, voit nonchalamment défiler les ans sans pour autant connaître un semblant de développement.

Niché sur des mamelons abrupts et très accidentés, l’ancien village enregistre, néanmoins, une certaine extension urbaine nonobstant un relief très accidenté qui ne facilite pas du tout la tâche aux auto-constructeurs, qui doivent, à chaque fois, « dompter » le sol ondulé par-ci, et raviné par-là! Qu’à cela ne tienne, l’on compte, coûte que coûte, édifier son habitation, surtout avec l’aide à l’habitat rural, dite Fonal, laquelle connaît un succès grandissant dans cette commune! Malgré tout, le fait que Taddart soit loin du vacarme et de la pollution sonore du chef-lieu, traversé par la RN26, où les moteurs de centaines de véhicules vrombissent sans interruption, c’est déjà un point positif. Dans ce patelin, il y a cette sensation mystérieuse du temps qui s’est figé ou qui « coule » doucement! Le rythme de vie, ici, est lent la lenteur des pas de ces quelques bergers qui, chaque matin, acheminent leurs troupeaux vers les pâturages abondants dans les parages. Mais la vue y est imprenable, du moment que l’on pourrait dominer tout l’arrière-pays de la vallée de la Soummam, dont Chorfa constitue le prolongement vers le Sud ! En bas, c’est à dire à Chorfa-ville, Taddart apparaît comme une citadelle. Oui sans blague! Tellement elle est juchée sur une colline en anfractuosité et ravinée avec ses falaises abruptes résultantes de gigantesques glissements de terrains survenus probablement à des époques lointaines! Taddart est aussi ceinturé d’un tissu végétal dense composé de figuiers de barbarie, lesquels seraient plantés ici, il y a des siècles, pour protéger les habitants contre d’éventuels envahisseurs. Le tissu urbain de cet ancien village est constitué d’un style architectural hybride: moderne et ancien. Les vieilles maisons tiennent bon malgré le poids des ans. Ces maisons, construites à la pierre taillée avec un style architectural purement kabyle, ont une valeur sentimentale pour les habitants, qui y voient en elles « l’odeur » des ancêtres (Riha lejdud!). C’est un véritable patrimoine matériel qu’il faudra préserver vaille que vaille. L’ancien quartier constitué de vieilles maisons est encore témoin de cette époque, où il faisait bon de vivre dans Taddart malgré les insuffisances. Néanmoins, les habitants de ce village perché sont confrontés à ce sempiternel problème de glissement de terrains et d’érosion, lesquels emportent, à chaque fois qu’ils se produisent, des lambeaux entiers de terres irremplaçables! Les pluies diluviennes qui se sont abattues durant l’hiver dernier ont fragilisé davantage le sol, et mis à rude épreuve les habitants, lesquels avaient assisté avec impuissance à de graves glissements de terrains! La menace persiste et pèse encore lourdement sur beaucoup d’habitations construites à la lisière de falaises abruptes. Le sol dans ce village est des plus instables. Peut-être qu’il serait préférable à l’APC de penser sérieusement au gabionnage et au confortement des terrains susceptibles de connaître des glissements ?

Y. Samir

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