La Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou a commémoré, hier, le 22ème anniversaire de la disparition de Tahar Djaout.
Une occasion de mettre en avant le lègue culturel de l’écrivain-journaliste assassiné le 2 juin 1993 après avoir été victime de balles terroristes le 28 mai de la même année. La journée d’évocation a été marquée par des conférences-débats initiées, dans l’après-midi d’hier, au niveau du petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud Mammeri. Malgré l’absence remarquée de la famille du défunt, notamment son frère, on a bien su évoquer et rendre hommage à Tahar Djaout. D’emblée, le poète Ben Mohamed, invité surprise, dira : « C’est à un grand homme qu’on rend hommage aujourd’hui ». D’ailleurs, il n’a pas encore fait le deuil de sa mort jusqu’à aujourd’hui. « À chaque fois que je parle de lui, j’ai les larmes aux yeux », déclarera-t-il. Lui qui a connu longtemps Tahar Djaout, raconte leur première rencontre vers la fin des années 60 et début des années 70 à Alger. « Nos rencontres avec d’autres artistes encore se faisaient à la base d’une prise de conscience que dans notre pays, on mettait le clignotant à gauche, mais on tournait à droite », dira-t-il. Passée la première rencontre, les deux bonhommes deviennent proches. Ben Mohamed survolera leur parcours ensemble avant de raconter leur dernière rencontre quelque semaine avant la disparition de Tahar Djaout. « Un mois ou deux avant sa mort, il était en France et je l’ai accueilli chez moi. Je me rappelle que le jour où il a voulu repartir, j’ai essayé de lui faire changer d’avis », racontera-t-il. Les yeux larmoyant, Ben Mohamed se rappelle avoir fait l’éloge de la liberté d’écrire qui sera offerte à Djaout en France. L’intervenant se rappelle aussi la réponse de Djaout. « Et je me la rappellerai toute ma vie car il m’a dit : comment leur laisser la place ? » Après cette intervention, une série de conférences ont débuté. Elles ont été animées par des enseignants à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou et un docteur en science de langage. Ce dernier, Ahmed Boualili, qui est en même temps maître de conférences à l’universsité fait le tour des ouvrages romans de Tahar Djaout et tente d’expliquer à l’assistance leur contenu « non-dit ». Commençant par « L’exproprié », sorti en 1974, ou « on se retrouve assis dans le train avec l’acteur principal sans savoir, comme lui, où il va nous mener ». Le trajet sera, cependant, suffisant pour « critiquer la situation du pays ». Ceci, alors que dans « Les chercheurs d’Os », Djaout critique l’écriture de l’histoire, mais aussi le conflit entre les générations. Passant par « L’invention du désert », et « Les vigiles » où il fait référence à « la pression vécue » mais aussi « au délaissement identitaire au profit d’autres acquis », l’intervenant termine sa conférence par « le dernier été de la raison » sorti après le décès de l’auteur. Il est à noter que dans la matinée, une délégation de la direction de la culture et de la Maison de la culture Mouloud Mammeri, accompagnée d’autres personnes, s’est déplacée au niveau d’Oulkhou, village natal de l’écrivain, pour un recueillement et un dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe du défunt. Ceci, alors qu’en parallèle, une exposition fut abritée par le hall de la Maison de la culture. Elle comprenait des photos et portraits du défunt, mais aussi des exemplaires de son lègue culturel, à savoir ses romans et autres articles de presse qu’il a réalisé. Tahar Djaout était un journaliste-écrivain de renom. Né à Oulkhou dans la daïra d’Azeffoun en janvier 1954, il laisse un nom gravé en lettres d’or dans les anales de la lutte avec les écrits. En plus d’être remanier et poète, il était journaliste et il a signé pour nombre de journaux à l’époque. Des écrits qui lui ont attiré les foudres des terroristes qui parviennent à lui ôter la vie un triste 2 juin 1993 et qui l’ont criblé de balles en quittant son domicile situé à Baïnem, une cité populaire de la banlieue ouest d’Alger.
Tassadit Ch.