Idir Bellali est l'un de ces artistes qui, certes, ne font pas de tapage médiatique, mais dont les produits sont d'une grande valeur. C'est un sexagénaire dont le souci particulier est que le public comprenne son message. Dans son album paru en 2004, il a surtout chanté le social. Cette fois-ci, il reviendra avec un album dédié entièrement à Tayri, l'amour, vu de différents angles. Il est l'un des rares artistes à avoir aussi fait des traductions d'auteurs inconnus en Algérie, en articulier, la poétesse équatorienne Rocio Duran Barba. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, l'enfant de Tala N'Toulmouts (Tizi-Rached) évoque d'autres produits tels la parution prochaine de ses deux recueils de poésie en langue française et en tamazight.
La Dépêche de Kabylie: Dda Idir, on n’entend pas parler de vous. Mais ceux qui vous connaissent disent que vos produits sont d’une grande valeur. Qu’en dites-vous?
Idir Bellali: je me réjouis quand vous dites que mes œuvres sont de grande valeur. Pour ce qui est de moi même, il est vrai que je suis discret. Durant mes quarante-cinq ans de parcours, j’avance tout doucement et je réfléchis longtemps avant de mettre n’importe quel produit entre les mains du public. Je confirme que je ne suis pas quelqu’un qui aime être sous les projecteurs.
Bon, revenons tout d’abord au domaine de la chanson, vous avez déjà produit un album. N’est-ce pas?
– Oui, je suis entièrement d’accord avec vous. En plus de la composition de textes, j’ai mis sur le marché mon premier album en 2004. Je lui ai donné comme titre » Asfru » c’est-à-dire, » le poème ».
Dda Idir, pouvez-vous nous citer quelques chansons de cet album?
Tout d’abord, il y a donc « Asfru », le titre de l’album, puis » ayuliw », ô mon cœur. Mais peut être la chanson qui a été plus appréciée par le public est » amukar », le voleur. C’est une chanson sociale. Elle traite d’un phénomène tabou. Alors, je me suis mis à sa place et je l’ai fait parler. Toujours, c’est la victime mais personne ne cherche à connaître ses raisons. Cela ne veut pas dire que j’encourage le vol aussi. L’autre chanson qui, elle aussi, a eu du succès est » l’havs », La prison. Je l’ai même chantée dans des prisons, notamment à Tizi-Ouzou. Là aussi, c’est une façon non seulement d’évoquer les conditions de détention de ces personnes, mais surtout de les faire parler pour leur donner l’occasion d’avancer certaines raisons que d’autres ignorent.
Et pour votre prochain album?
Il est déjà prêt. J’espère qu’il sera dans les bacs au plus tard dès le début du mois de Ramadan. Il est purement dédié à l’amour, vu sous différents angles.
Tous les chanteurs chantent Tayri. Qu’est-ce qu’il y a de particulier chez Dda Idir?
C’est vrai que tout le monde chante l’amour. Par rapport à moi, j’ai quelque peu retracé l’amour tel vécu par les personnes de ma génération. Dans les années 70, c’était un tabou de déclarer sa flamme à sa bien aimée. Dans cet album, j’ai refait un petit peu une rétrospective de cette époque. Il y a tout d’abord, « Sidi Valentin » d’Ahcène Mariche, l’amour interdit, que j’ai chanté dans cet album. Puis, le dialogue avec Fetta, une fille que j’ai connue au collège et que j’ai rencontrée quarante-cinq ans après, et l’histoire à Tadart de cet amour interdit dans « Djanegh Oussan », les jours nous ont laissés. Là aussi, c’est la rencontre hasardeuse avec la fille que j’ai aimée alors que j’étais encore adolescent. C’est une façon de transmettre cela à nos enfants parce que ce n’est plus l’époque où on rougissait de dire à une fille « Hamlagh kem », je t’aime. Il y a aussi les chansons « V’ghigh », Je veux, et » Médène », Les gens. Dans cette dernière, je me situe par rapport aux autres.
Vous écrivez aussi. N’est-ce pas?
Oui, en plus des traductions, j’ai deux recueils de poésie qui paraîtront prochainement. L’un en langue française et l’autre en tamazight. Concernant le premier, il s’agit de la » Perle d’Inella », un recueil de trente poèmes alors que pour le second, c’est » Ajgagal » c’est-à-dire « la balançoire ».
Et pour les traductions?
J’ai aimé la poésie de l’équatorienne Rocio Duran Barba, c’est pourquoi j’ai tenu à traduire ses poèmes » Qu’est-ce que le sucré? » et le » verbe du désert » en tamazight. J’ai aussi traduit en langue française le recueil d’Ahcène Mariche, Tazlagth n’ Tikta » le collier d’idées » et d’autres œuvres encore.
Nous vous laissons conclure…
Tout d’abord, je vous remercie de m’avoir ouvert les colonnes de votre journal pour m’exprimer et faire part au public d’une partie de mes œuvres et mes projets artistiques et littéraires. Je crois qu’avec l’âge, on dit les choses toutes crues. Et il est temps pour moi de livrer mes idées et mes aspirations dans le domaine de la chanson et de l’écriture. Je remercie, par ailleurs, tous ceux qui m’aident et m’encouragent à aller de l’avant.
Entretien réalisé par Amar Ouramdane