Le cancer du poumon a été hier au centre d’une journée scientifique initiée par l’association d’aide aux personnes atteintes de cancer « El Fedjr ».
Une occasion de sonner l’alarme sur la propagation de la maladie dans la région, qui compte entre 70 et 90 nouveaux cas annuels. La sensibilisation sur le tabagisme, premier facteur à risque, est l’une des mesures qui s’imposent. Il s’agit là du cancer le plus répandu et le plus meurtrier chez les hommes, et le deuxième chez la femme après celui du sein. Une réalité sur laquelle se sont entendus la majorité des intervenants, hier. Regroupant plusieurs médecins et spécialistes, la journée scientifique a été abritée par le centre de loisir scientifique (CLS) de Tizi-Ouzou. Le premier intervenant parmi les invités fut le Pr. Arezki Tibiche, du service épidémiologie du CHU Nedir Mohamed. Relevant la tendance à la hausse du nombre de personnes atteintes du cancer du poumon, enregistré annuellement, il a affirmé que le nombre de décès est tout aussi important. Tizi-Ouzou n’étant pas à l’abri de la maladie, elle enregistre, d’après le même professeur, entre 70 et 90 nouveaux cas de ce type de cancer chaque année. Tout en soulignant que l’hôpital de Tizi-Ouzou accueille d’autres malades venus d’ailleurs, il explique néanmoins que la population locale n’est pas bien lotie. Il ajoute, à travers les statistiques qu’il expose, qu’en 2002 l’exposition de la population au cancer du poumon était de 8,10 cas sur 100 000 habitants. Elle est passée à 12,5 sur 100 000 habitants en 2013. Au niveau national, le spécialiste affirme que plus de 2 300 nouveaux cas de cancer du poumon sont enregistrés et une moyenne d’un (01) décès sur six (06) malades est aussi signalée. Mettant en rapport, et en parallèle, les plus de 8 000 cas de cancer du sein enregistrés chez les femmes avec des décès allant de 4 sur 10 malades annuellement, le professeur soutient que le cancer du poumon est le plus répandu et meurtrier chez l’homme et le deuxième chez la femme, après celui du sein. Arezki Tibiche, du service épidémiologie du CHU Nedir Mohamed explique cela par le fait qu’il est généralement découvert à un stade «tardif et métastasique». La découverte de la maladie ne laissant que dans 15% des cas une chance de survie de plus de 5 ans au malade, soutient-il. Pour lui, contrairement au fait établi jusque-là faisant état de l’apparition de la maladie chez les sujets âgés entre 50 et 60 ans, de plus en plus de sujets jeunes atteints du cancer du poumon sont recensés annuellement. Et pour cause principale, le tabagisme est pointé du doigt. Le tabac à long terme augmenterait ainsi de plus de 80 % le risque de cancer broncho-pulmonaire. Une maladie dont les symptômes n’apparaissent qu’après 20, 25 voir 30 ans d’ «incubation». C’est pour cette raison que la sensibilisation et l’information contre les risques du tabagisme est l’axe le plus favorable pour la lutte contre la propagation de ce genre de cancer. Le Dr Hamache Nadia, médecin chef du service pneumo-phtisiologie à l’unité de Belloua de l’hôpital de Tizi-Ouzou, salue les dernières mesures prises par les pouvoirs publics. Rappelant que désormais fumer dans un lieu public est passible d’une amende allant de 2 000 à 5 000 dinars. Un montant qui peut doubler en cas de récidive. L’intervenante encourage même l’augmentation de la taxe sur les cigarettes, qui est actuellement de 10 à15%, comme moyen efficace de lutte. Chose qui devrait intervenir, d’après elle, en parallèle aux campagnes de sensibilisations et d’informations visant une lutte fondamentale qui est celle d’éviter la 1ère cigarette. D’autre part, intervenant lors de la même journée, la présidente de l’association d’aide aux personnes touchées par le cancer, Sabiha Ghezraoui, revenant sur l’historique de l’association, soulignera qu’en 2014, le nombre d’adhérents a atteint 9 051 personnes dont 2 366 malades. L’association nationale El Fedjr multiplie les actions de prévention afin d’élargir son impact au sein de la population exposée au danger du cancer.
Tassadit Ch.