Les marchés, les superettes et les magasins d’alimentation connaissent, depuis quelques jours déjà, une affluence particulière due aux préparatifs du Ramadhan.
Cette ville de la wilaya de Béjaïa constitue un grand centre d’intérêts pour les populations des communes limitrophes qui trouvent un malin plaisir dans le fait d’y aller faire leurs emplettes, du fait de la disponibilité de tous les produits et à des prix raisonnables. En rentrant par la porte Nord qui démarre à partir de Taheracht, ce sont les populations des douars d’Ath Aidel et d’Ouzellaguen qui, en traversant d’abord la zone d’activité de Taheracht qui grouille de camions, viennent s’approvisionner chez les 25 unités de production dont la plupart sont spécialisées dans le conditionnement des produits agroalimentaires, très demandés durant le Ramadan (semoule, lait, yaout, viandes,…). Ensuite, elles empruntent un grand couloir qu’est le tronçon de la RN 26. Un tronçon à deux voies qui s’étale sur environ deux kilomètres comme une arête d’une feuille distribuant des magasins de tous genres à droite comme à gauche, mais dominés par les commerces de services comme les stations de carburants, les concessionnaires automobiles et vendeurs de pièces de rechange, de la quincaillerie. Un couloir où sont installés plusieurs artisans aussi. Bouidghaghen s’illustre par son magasin de produits pour l’agriculture, avec sa pépinière de plants maraichers que s’arrachent des agricultures connaissant le sérieux de la maison. Au carrefour d’Ifren appelé communément Letnayen Takdhimts, le chemin pour aller à l’ancienne ville est en montée jusqu’à la placette. De cette placette jusqu’au petit marché se trouvant à l’extrémité de la rue, on sent déjà le Ramadan, ce mois sacré auquel commencent à penser les bons esprits, notamment aux privations de la journée et aux veillées nocturnes très animées. Toute la rue change de décor avec les nouveaux magasins ouverts à l’occasion qui viennent s’ajouter à ceux déjà existant à longueur d’année. Des étals tout en couleurs, bien garnis de produits d’où se dégagent des parfums chatouillant les narines et mettant l’eau à la bouche.
Les préparatifs vont bon train pour les ménagères qui commencent les achats pensant à de bons plats. Les ustensiles de cuisine manquant dans l’année sont achetés, car durant le Ramadan, plusieurs plats dont on se passe les autres mois deviennent essentiels comme la Chorba et tant d’autres. Les épices aussi doivent être disponibles comme toutes ces herbes qui apparaissent durant ce mois sacré. Les viandes rouges et blanches sont aussi bien exposées sur des étals bien bourrés. A l’extrémité se trouve le petit marché où, d’habitude, seuls quelques étals sont aménagés dans la semaine. Mais à l’approche du Ramadan, aux légumes frais s’ajoutent les fruits de saison, tels que la pastèque et le melon, qui sont exposés en grand nombre et à des prix variés. Les boulangeries et pâtisseries sont de la partie en ayant tout mis en œuvre pour être prêtes le jour «j». Les vendeurs de zalabias ont entamé les essais des produits en commençant par de petites quantités qui s’écoulent lentement durant la journée.
La rue allant de la placette de la mairie au petit marché a change de couleurs et se distingue par ses parfums. Elle est bien animée par les consommateurs qui s’y ruent. Des citoyens rencontrés regrettent l’absence des services de contrôle d’hygiène, ce qui laisse le libre cours aux marchands qui font fi des règles les plus élémentaires d’hygiène en étalant certains produits à même le sol ou dans des bacs sales et usés. Le non respect des conditions de conservation et d’hygiène met en danger la santé du consommateur. Des produits exposés à l’air libre, parfois sous un soleil de plomb, sans aucune couverture, à la merci de la poussière et des microbes qui les envahissent, favorisant leur décomposition. Bon nombre de ruelles dans la nouvelle ville connaissent aussi des animations fébriles «spécial Ramadan». La ville d’Akbou qui ne cesse de s’agrandir à tout point de vue possède aussi deux autres entrées. La porte Sud pour les gens venant de Tazmalt et d’Ath Abbas et la porte Ouest pour ceux descendant de Chellata et de certains villages du douar Iloula de Tizi Ouzou. Le marché quotidien de gros des fruits et légumes de Bouyizane et la rue le jouxtant où sont installés des dizaines de commerces de gros et demi gros en produits alimentaires sont envahis par les commerçants de détails qui viennent des villages pour approvisionner leurs épiceries en produits, notamment très demandés durant le ramadan. Des embouteillages monstres se forment à longueur de journée. Des camions de gros tonnages arrivent et déchargent les produits. Les petits camions, les camionnettes et voitures de tourisme garent parfois au milieu de la chaussée et chargent des produits. Cette anarchie crée parfois une cacophonie indescriptible, où des esprits se chauffent et des bagarres éclatent. Ainsi va la vie à Akbou, connu pour ses ruelles bariolées, aux lumières tamisées, à l’approche du Ramadan. Les consommateurs ayant les yeux plus grands que le ventre, entament les préparatifs en achetant sans compter, quitte à s’endetter, car le Ramadan est un mois de plats culinaires qui induisent des dépenses énormes, inhabituelles. Et c’est presque le cas dans toutes les villes de la vallée de la Soummam, semble-t-il.
L. Beddar