On assiste depuis quelques années à la réhabilitation du cinéma dans notre pays. Longtemps détrôné par le petit écran au point d’être oublié il revient de loin, timidement. Le ministère de la Culture œuvre pour l’ouverture ou la réouverture des salles de cinéma fermées ou détournées de leur vocation. Résultat de cette politique : jamais l’Etat n’a accordé autant de crédits pour la production cinématographique, celle-ci tendant sous cette formidable impulsion à s’ériger en véritable industrie. Dans la wilaya de Bouira, les premiers tours de manivelle se multiplient, se chevauchent, parfois se télescopent. A peine un film est-il sorti que l’on nous annonce une dizaine d’autres. En vérité on ne s’est jamais autant occupé du septième art. Et si l’on considère l’engouement dont il jouit, on se demande s’il ne va pas se placer devant le théâtre, la musique et même la littérature. Avant-hier, à la session ordinaire de l’APW, alors que l’on débattait de certains chapitres du budget supplémentaire de la wilaya, l’assemblée vint à aborder la question du financement du documentaire sur Tikjda. Plaidant la cause du producteur, en l’occurrence Mouzaoui, le P/APW a fait savoir que la commission des finances est prête, après étude, à accorder 600 millions de centimes. Il a estimé qu’après la wilaya de Tizi-Ouzou qui a donné un milliard et la wilaya de Béjaïa 800 millions, c’est le moins que la wilaya de Bouira puisse faire, étant donné que Tikjda se trouve en grande partie chez nous. Intervenant à son tour, le wali a souligné le caractère culturel du projet et l’importance qu’il revêt dans la préservation du patrimoine de la wilaya. «Je n’ai rien contre le montant», a-t-il assuré. Et d’ajouter : «Je pourrais même suggérer qu’on donne plus. Il s’agit d’un grand projet. Mais je souhaiterais qu’une convention le lie à la wilaya». Il a également émis le vœu que la somme proposée par la commission des finances de l’APW soit soumise à l’approbation de l’Assemblée. Le projet, considéré du point de vue touristique et même environnemental, a séduit tout le monde. Pour sa part, le directeur de la culture a rassuré en faisant savoir que le projet, une fois réalisé sera mis à la disposition des universitaires pour permettre d’étudier la faune et la flore de ce parc national à la biodiversité si riche. Il a par ailleurs indiqué que le projet entrait dans le cadre d’une politique mise en place à travers tout le pays pour recenser et faire connaitre tous les sites touristiques et historiques. Deux membres de l’APW, très enthousiastes, ont même proposé d’élever la somme à un milliard et demi. D’autres en revanche ont émis de fortes réserves. Considérant la somme de treize milliards de centimes dont le producteur aurait besoin pour la réalisation de son film documentaire, et la jugeant pharamineuse, certains membres ne voient, en effet, pas comment une aide aussi dérisoire apportée à ce projet par les trois wilayas concernées pouvait le financer.
«Pourquoi le ministère qui finance le projet ne donne-t-il pas tout l’argent ? S’il a donné dix milliards, il pouvait bien trouver les trois autres», ont-ils argumenté. Mais les partisans du projet étaient plus nombreux et il a été décidé qu’à condition qu’une convention lie la wilaya au producteur, cette dernière était prête à financer cette production à hauteur de la somme arrêtée par la commission de l’APW.
Aziz Bey