«Nous pouvons accueillir le CHU et la faculté de médecine»

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M. Mokhtar Bouzidi, vieux fonctionnaire de 66 ans, dont 43 années de carrière dans le secteur de la Santé, dont plus de 35 ans en tant que gestionnaire, est, depuis les dernières élections locales, le président de l’APC d’Amizour.

«Je commence une nouvelle carrière. Ce n’est pas moi qui suis allé à la politique, c’est la politique qui est venue à moi. Je n’étais militant d’aucun parti politique. Ce sont des amis du FFS qui m’ont convaincus de me lancer dans cette aventure, pour mettre mon expérience au service de la population d’Amizour qui est ma commune et celle de mes parents et grands-parents», aime-t-il à répéter. M. Mokhtar Bouzidi nous parle dans cet entretien de sa commune qui est le cœur géographique de la wilaya de Béjaïa.

La Dépêche de Kabylie : Quand vous êtes arrivé à la tête de cette commune, qu’est-ce que vous avez trouvé ?

M. Mokhtar Bouzidi : Amizour donne une impression de conservatisme qui est en partie réel. Mais il y a un tel potentiel de compétences au niveaux des hommes et des femmes de cette commune que de grands espoirs sont permis. Il y a un grand changement depuis ces dernières années qui est ce nouveau pôle universitaire qui ouvre de merveilleuses perspectives. Déjà les mentalités commencent à changer. Dès la rentrée prochaine, une vie universitaire va démarrer à Amizour avec des milliers d’étudiants qui vont défiler dans la ville. Et puis, il y a une diaspora importante de cadres d’Amizour qui occupent des postes importants dans toutes les wilayas. Ce qui ouvre aussi d’autres perspectives pour le développement et d’espoir pour l’avenir.

Quels sont les grands axes de développement que vous prévoyez à Amizour ?

Il y a plusieurs axes, dont ce pôle universitaire qui est appelé à s’élargir, et de nombreuses activités de service qui vont aussi se développer. Il y a l’agriculture qui est une réalité avec un potentiel important, mais qui demande à être développé. Il y a beaucoup de terrains en friche. Certains relèvent du domaine privé de l’État, EAC et EAI, et les terres ne sont pas cultivées comme elles devraient l’être. Il y a aussi la pénétrante autoroutière avec un échangeur qui se situe sur le territoire de la commune. Il passe à deux minutes du centre-ville d’Amizour. Cela va donner une extraordinaire impulsion au développement économique de la commune. Il va constituer un moteur qui va entraîner le développement de la commune. Il y a aussi le dédoublement de la voie ferrée avec la gare intercommunale El Kseur-Amizour, le gazoduc et l’oléoduc, il y a le transfert d’eau de Tichy Haf qui traverse le territoire de la commune. Il faut profiter de ces infrastructures pour le développement de la commune. Ces infrastructures ont fragmenté le foncier de la commune. Il faut que les pouvoirs publics en tiennent compte. Sinon, la population le prendrait comme un obstacle ou une servitude au lieu d’être une chance pour le développement de la commune. À cause de cela, il est devenu très difficile de trouver un terrain de cent ou de deux cents hectares d’un seul tenant en terrain plat. Le foncier de la commune est traversé par ces infrastructures. On peut aussi parler de la zone industrielle. Il y a tous les atouts qui nous permettraient de favoriser l’ouverture d’une zone industrielle. Tous les atouts sont à notre disposition. Il y a un réservoir et un potentiel humain exceptionnel. Dans tous les domaines et dans toutes les spécialités. Ce sont autant d’atouts qui peuvent favoriser l’existence d’une zone industrielle, en tant que facteur de développement local. Pour ce qui est du foncier, il ne faut pas utiliser l’agriculture comme un frein ou un blocage pour le développement local. Toutes les terres sont agricoles. Mais pour les besoins de développement local, il est possible de sélectionner des terrains pour implanter des investissements créateurs d’emplois et de richesses. Si nous nous en tenons à la situation de l’agriculture à Amizour, nous avons un certain nombre d’exploitations agricoles qui emploient un à deux gardiens saisonniers, sans création d’emplois. Elles ne peuvent donc pas assurer le développement local. Si on avait une agriculture développée, il y aurait un surplus qui demanderait la transformation dans le cadre d’une agro-industrie. Dans ce cas, l’industrie en général et l’agro-industrie en particulier devient incontournable. Plus l’agriculture fonctionnerait bien, plus le besoin d’une agro-industrie devient incontournable. Il faut développer l’agriculture et aller vers l’industrie qui, elle seule, peut garantir la création de l’emploi et fournir des ressources fiscales à la commune. La situation géographique d’Amizour nous incite à l’ouverture. Il n’y a pas de contradiction entre le développement de l’agriculture et le lancement d’une industrie.

Il y a dans le projet de développement de la wilaya une place pour Amizour comme pôle de développement ?

Il s’agit du PAW (Plan de développement de la wilaya), dans lequel Amizour est retenu comme un pôle zonal, avec Akbou, Béjaïa, Souk El Tenine. Amizour est le cœur géographique de la wilaya.

On parle de plusieurs projets…

Il y a, en effet, le projet de réalisation d’un lycée sportif qui va être remplacé par un projet de centre d’entraînement sportif pour toute la zone d’Amizour. Le stade olympique n’a pas été prévu pour notre commune. Mais le développement des activités sportives va être impulsé par la réalisation de ce centre d’entraînement sportif. Le projet de CHU de Béjaïa cherche encore son assiette foncière. Plusieurs sites ont été envisagés, dont Djebira, Oued Ghir,… etc. À Amizour, nous avons pensé valablement pouvoir accueillir ce projet, compte tenu de la situation géographique de notre commune, du projet d’autoroute et de l’infrastructure sanitaire existante et projetée à Amizour. Il y a déjà un hôpital de 140 lits. Un projet de Centre anti-cancer sera incessamment localisé à Amizour, à une minute de l’échangeur autoroutier. Ce qui le met en accès facile à tous ses utilisateurs, qu’ils viennent de l’Est ou de l’Ouest de la wilaya, et même au-delà. Il y a aussi un projet de centre médical de la CNAS qui est envisagé. Nous avons des assiettes de terrain extrêmement intéressantes, à seulement quinze minutes de Béjaïa. Il sera plus facile de se déplacer de Béjaïa à Amizour, que de passer d’un quartier à un autre à l’intérieur même de la ville de Béjaïa. Grâce à cela et à tous les autres atouts dont nous avons parlé plus haut, nous pouvons accueillir le CHU et la faculté de médecine. Amizour va devenir, dans un proche avenir, la commune la plus accessible de la wilaya de Béjaïa.

Qu’en est-il du tourisme ?

Nous avons reçu la visite d’un expatrié qui a repéré des assiettes foncières qu’il voudrait utiliser pour la réalisation de villages touristiques. Il y a des possibilités de développer le tourisme de montagne et le tourisme écologique. Nous en avons parlé à l’occasion du développement du PDAU intercommunal, mais les choses ne sont pas encore finalisées. Les potentialités existent, il faut juste savoir saisir les opportunités qui s’offrent aux investisseurs potentiels.

Qu’en est-il du secteur du logement ?

Plusieurs projets sont en cours. Il y a un nombre important de logements en construction de plusieurs types. Sept cents logements sont en construction dans le cadre du logement social, il y a des logements promotionnels de type AADL et un promoteur privé qui est en train de réaliser son projet. Globalement, nous avons mille trois cents logements en construction à l’heure actuelle. Ce qui est considérable même pour une commune comme la nôtre. Nous avons des contacts avec l’ENPI qui souhaite réaliser des logements promotionnels à Amizour. Nous envisageons également de réaliser des logements au niveau des localités secondaires pour éviter le déracinement et l’exode rural. Donc, même les villages sont appelés à voir construits sur leurs territoires de nouveaux logements collectifs qui s’ajoutent à ceux réalisés dans le cadre de l’aide à l’habitat rural. Nous souhaitons éviter de tout centrer sur le chef-lieu de la commune et favoriser le développement aussi des villages. Nous avons soixante-quatorze villages et hameaux dans la commune que nous souhaitons voir aussi bénéficier du développement de la commune.

Quel serait le message d’espoir du P/APC d’Amizour à sa population ?

Je souhaiterais que la population partage mon optimisme. C’est un optimisme qui est raisonné. Ce n’est pas un optimisme béat. Il y a des potentialités énormes dans la commune que nous sommes en train d’exploiter pour améliorer les conditions de vie à l’avenir. Nous avons beaucoup d’espoir. Nous sommes optimistes quant au rôle qu’Amizour va jouer comme pôle zonal dans le développement de la région.

Entretien réalisé par N. Si Yani

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