L’association culturelle Igawawen, de la localité de Larbâa Nath Irathen, a rendu, avant-hier après la rupture de jeûne, un vibrant hommage au chanteur Lounès Matoub tombé sous les balles assassines un certains 25 Juin 1998. Les responsables de cette association ont tenu à ce que cet hommage coïncide avec la date de son assassinat. En effet, la bibliothèque communale, sise au chef-lieu communal et faisant face à l’incontournable stèle de Abane Ramdane, s’est vue, en l’espace d’une nuit, transformée en un lieu de pèlerinage où le public est venu en pompe découvrir l’œuvre monumentale du chanteur exposée avec soin par les membres de la dite association. Conscients de l’importance et du rôle «du rebelle», les organisateurs avaient bien pris soin des lieux où sont exposés un grand nombre de tableaux, photos et revues de presse sur le feu Matoub. Découvrant ces nombreux articles de presse de tous les quotidiens nationaux, mais encore ces portraits, beaucoup de visages sont plongés dans ces témoignages, sans doute emportés dans leurs lointains souvenirs. L’un deux, Da Ali, un quadragénaire, nous dira : «Je me souviens, comme si c’était hier, de la dernière visite de Lounès Matoub à Larbâa Nath Irathen. C’était peu de temps avant sa mort ! Je me souviens surtout d’une image qui m’a beaucoup marquée. Ce jour-là à sa descente de sa voiture, un jeune l’avait reconnu et il a crié Lounès Matoub de loin. En deux temps trois mouvements, il est envahi par une foule dense qui l’acclamé répétant Lounès, Lounès, Lounès… Il avait fait le tour de la ville. À chaque coin de la localité ce dernier s’arrêtait et racontait une anecdote qu’il a vécue quand il était élève à Larbaâ Nath Irathen. Je me souviens aussi qu’un homme tenait son fils par la main et lorsque Lounès l’a aperçu, il l’a pris dans ces bras en lui disant : nous, nous vous avons ouvert la route, certes le chemin est long et beaucoup de travail reste à faire, mais vous avez tout, vous devez continuer le combat, vous êtes notre espoir. Tout en levant l’enfant dans les aires, les applaudissements pleuvaient de partout». Après un long moment, tout en soupirant, notre interlocuteur ajoutera : «Quelque temps après cette visite, Lounès a été sauvagement assassiné et avec lui est parti l’espoir de toute une génération qu’il a bercé avec lui, notamment avec ses chansons». À la fin de cette soirée spécialement dédiée au rebelle, le public ne revenait pas de la surprise qui les attendait. En effet, ils découvrent avec enthousiasme un peintre, en l’occurrence Zabot Hemza, réalisant, sous leurs yeux, une grande nature sous l’œil bien veillant de Abane auquel faisait face la toile de Lounès. Ébahi par cette prouesse du jeune talentueux peintre, les citoyens venus en pompe n’arrêtaient pas d’encourager l’artiste. Mais encore à chaque étape de création de ce tableau, la foule l’avait immortalisé avec différents supports (tablettes, portables, appareils photos…). Tout au long de cette soirée, bien arrosée de chants et de titres de Lounès, la musique n’a pas faibli d’un cran. Elle résonnait de loin. Mais encore, les citoyens découvrent les vidéos du regretté Lounès projetées à la place Abane Ramdane. Pour conclure la soirée, les organisateurs ont invité les citoyens à allumer des bougies à la mémoire du rebelle à l’occasion du 17ème anniversaire de son assassinat. C’étai grandiose. La ville s’est arrêtée pour se transformer, en l’espace de quelques heures, en un lieu de compte de fées. Sans doute, cette soirée restera gravée dans la mémoire des gens qui ont assisté à cet hommage. À ce sujet, le président de la dite association, en l’occurrence Belkessam Lounis, dira : «C’est notre devoir de lui rendre un vibrant hommage. Lounès Matoub n’est pas seulement une idole, mais il est l’espoir et le précurseur d’un long combat identitaire et culturel initié par ses aînés, tel que Mammeri, Laimeche Ali, Si Moh Ou M’hand, Boulifa et autres figures. C’est une façon de lutter contre l’oubli et surtout de préserver notre histoire et nos traditions». En fin, le 25 juin restera une date inoubliable bien ancrée dans la mémoire collective. Une date qui symbolise le combat et l’engagement que même les nouvelles générations n’oublieront pas. Le flambeau allumé par Lounès se ressuscitera à chaque occasion par ces nombreuses associations, à l’image d’Igawawen.
Y. Z.
