Nécessité de contrôler et de réglementer

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Depuis le début de Ramadhan, la ville de Béjaïa a changé de rythme de vie, à l’instar de toutes les autres. Durant la journée, les rues sont quasiment vides, alors que la température reste encore clémente en ce début d’été. En parcourant la ville durant la journée, on remarque même que beaucoup de magasins restent fermés. Certains en profitent même pour engager des travaux de réparation ou de rénovation. Même les places de marchés restent assez peu fréquentées. Les citoyens préfèrent attendre le jour du marché pour faire leurs courses les plus importantes, comme ce fut le cas lundi dernier pour le marché dit de l’Edimco.

Les six marchés hebdomadaires

Il y a quatre jours principaux de marchés à Béjaïa. C’est justement l’Edimco qui ouvre le bal chaque lundi. C’est le principal de tous les marchés de la ville. Il s’étend sur environ un kilomètre de long, allant de la place dite Edimco, sur la route reliant Aamriou à Iheddaden, jusqu’à l’université de Targa Ouzemmour, fermant totalement la route à la circulation. Toutes sortes de marchandises, ou presque, sont présentées aux consommateurs, allant des fruits et légumes aux vêtements, des produits de première consommation à ceux dits de luxe, en passant par la boucherie, la vaisselle, les détergents, les cosmétiques, la téléphonie,… etc. Ce marché draine tellement de monde qu’il est difficile de s’y déplacer. Sans s’arrêter pour y faire des courses, il faut en moyenne plus d’une demi-heure pour le traverser et aller d’un bout à l’autre de ce marché. Des centaines de commerçants y présentent leurs produits et des dizaines de milliers de clients s’y présentent deux fois par semaine, les lundis et jeudis. Le mardi, c’est le deuxième marché hebdomadaire qui s’ouvre à Sidi M’hand Amokrane, dans la haute ville. D’une superficie plus modeste que celui de l’Edimco, il reste très fréquenté par les habitants du quartier dit des «Bâtiments», de Houma Karammane, Bab Ellouz, Kahwa Zoubir, Mangin, Sidi Ouali, Sidi Touati, etc. Etant de taille plus réduite, il y a moins de pression sur ce marché. Alors que les produits proposés sont assez variés, il draine surtout les «anciens» de la ville qui en profitent pour se rencontrer et échanger des nouvelles. Dès l’entrée dudit marché un marchand de plantes propose ses produits aux clients, en même temps que d’autres proposent de la pacotille, à la joie des femmes et de leurs fillettes qui en profitent pour acheter élastiques et autres chouchous. Ensuite arrive le tour des marchands de détergents avant d’arriver aux fruits et légumes qui occupent la part du lion dans ce marché. La viande, la volaille et les herbes y sont aussi présents en quantité. Les odeurs de menthe, céleri et de coriandre ne laissent pas les clients indifférents. L’inconvénient majeur de ce marché c’est sa situation en pleine rue qui continue à être fréquentée durant les heures de marché traversé par des voitures et autres autobus, créant des encombrements et mettant les clients dans la gêne. Le mercredi est jour de marché à Sidi Ahmed. La superficie de ce marché est trois fois plus importante que celle du marché du Mardi, puisqu’il se situe en plein centre d’une des plus importantes cités de la ville. Sidi Ahmed est habitée par des dizaines de milliers de personnes et un marché hebdomadaire est le moins qu’on puisse mettre à leur disposition. De plus, les clients viennent d’un peu partout, d’Aamriw, Tala Oueriane, Houma Oubazine,… Il est beaucoup plus varié et plus riche que celui de Sidi M’hand Amokrane. Il propose en plus des autres produits qu’on trouve ailleurs, des meubles et de la friperie, attirant ainsi à la fois les petites bourses et ceux qui souhaitent meubler leurs maisons. Le marché n’est que partiellement traversé par les voitures, puisque ce jour-là la circulation y est réglementée et la police veille, dans une atmosphère bon-enfant, à ce que ça se passe dans les meilleures conditions possible.

Marchés quotidiens

Il existe encore d’autres marchés à Béjaïa, mais de taille beaucoup plus modeste, à l’instar de celui qu’on appelle Souk El Asser, mais qui est quotidien. Situé en contrebas de Taassast et Lacifa, il attire une clientèle régulière qui n’en pense que du bien. L’activité commerçante bat son plein les après-midi, d’où son nom de Souk El Asser. Un autre marché existe également dans la haute ville. Il s’agit de celui appelé Marché Philippe. Sa fréquentation a chuté de manière drastique, surtout depuis la démolition de l’ancienne bâtisse du marché et la construction d’une nouvelle. Sa reconstruction a pris tellement de temps que les habitudes ont eu le temps de changer. Les anciens commerçants sont partis et la clientèle est allée ailleurs se créant de nouvelles habitudes. Malgré son inauguration par le Premier ministre, Sellal, lors de sa visite à Béjaïa, l’activité commerciale peine à se relancer en ce lieu. Le Marché Philippe n’est plus que «l’ombre» de l’ancien marché. L’atmosphère et l’ambiance n’y sont plus.

Il y a également le marché quotidien des Babors qui propose, en plus des fruits et légumes, du poisson aux clients. Produit qui n’est que très peu présenté dans les autres marchés, à l’exception de la sardine, autrefois appelée «le plat du pauvre». Pour une ville côtière qui a un port de pêche, l’absence de poisson sur les marchés reste quand même une énigme. Et justement, le marché couvert des Babors a la réputation d’être cher. C’est donc une clientèle particulière qui le fréquente, même si cet élément devrait être un peu nuancé puisqu’il est aussi considéré comme un marché de proximité ouvert à toutes sortes de clients et de bourses. Le marché dit de la Cofel, situé en plein centre-ville, est aussi un marché couvert quotidien. Situé juste en face de la daïra, de la mairie et de la poste d’El Khemis, c’est l’un des plus anciens de la ville. Même s’il est bien achalandé avec une prime pour la volaille, il reste très limité dans son impact sur la population.

Magasins ouverts 7j/7 et 24h/24

À côté de ces marchés, il existe de nombreux autres «marchés» qui ont ouvert ces derniers temps. Il s’agit de grands magasins situés un peu partout, proposant leurs services quasiment 24/24 et tous les jours de la semaine. On les retrouve un peu partout, surtout dans la basse-ville, à Iheddaden, à Igihl Ouazzoug et ailleurs également. Ces magasins sont très utiles puisqu’ils ne ferment quasiment jamais. Mais leur offre reste limitée à quelques légumes, privilégiant plutôt les fruits d’importation, comme les kiwis, ananas, pommes et autres noix de cocos, plus chers et donc plus rentables pour eux. Il reste que la ville de Béjaïa a besoin de faire un grand effort dans l’organisation de ces marchés. On y remarque une sorte d’anarchie et un manque flagrant d’hygiène. Il n’y a qu’à se présenter en fin de matinée, lors de la fermeture des marchés hebdomadaires, pour voir dans quel état se trouve l’Oued Sghir qui longe le marché de l’Edimco, ou les trottoirs des marchés de Sidi Ahmed et Sidi M’hand Amokrane. Celui de Souk El Asser est carrément insalubre par endroits. Il y a certainement un effort de réglementation et de contrôle à faire pour redonner sa considération au consommateur. La ville a besoin de multiplier le nombre de marchés et de les réglementer sérieusement. Les autres marchés existants sont très localisés et quasiment pas contrôlés par l’administration, pouvant ainsi mettre en danger les consommateurs qui n’ont pas toujours les moyens de contrôler les marchandises qu’ils achètent.

N. Si Yani

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