Fidaiya dès la première heure et exerçant en même temps en tant qu’infirmière, Malika Gaid est née le 24 août 1933 à Belcourt (Alger), où résidait sa famille originaire de Guenzet, en petite Kabylie. Son père Mohand Amokrane l’inscrivit à l’école primaire du même quartier à Alger en 1939, elle termina son cursus primaire dans la ville de Bordj Bou Arréridj où ils ont déménagé de 1942 à 1947, elle réussit avec brio l’examen du certificat d’études primaires. De 1950 à 1953, elle suivit une formation en paramédicale et obtient le diplôme d’infirmière ; la même année, sa famille rejoint sa région d’origine et s’installa au village Tinequache, en basse Kabylie, où elle exerça en qualité d’infirmière.
Contactée le lendemain du déclenchement de la Guerre de libération nationale, elle adhéra sans aucune hésitation en fournissant des médicaments et soignant les malades et blessés de l’ALN. Elle attira l’attention du colonel Amirouche par son courage, son patriotisme et son intelligence qui finit par l’enrôler définitivement dans les rangs de l’ALN le 13 juin 1955.
Elle se révéla d’une grande utilité aux maquisards ; non seulement elle s’occupait des malades et des blessés allant jusqu’à pratiquer des opérations dites de petite chirurgie, mais elle participait aussi activement aux combats aux côtés de ses frères maquisards en maniant les armes comme n’importe quel Fidaï. Des citoyens, hommes et femmes, qui l’ont côtoyée au refuge du village Aggache, dans la commune de Saharidj, où elle a séjourné plus d’une semaine, affirment qu’elle dégageait une impressionnante personnalité un courage à toutes épreuves, doublé d’une grande intelligence avec la démarche souple et féline d’une tigresse. Des hommes et des femmes de ce village encore vivants nous apprennent qu’ils se sont faits soigner par cette moudjahida durant son court séjour dans cette localité elle aurait même distribué des tubes d’oriomicyne et des cachets d’aspirine aux personnes âgées. Elle quitta les lieux quelques jours seulement avant le déclenchement de l’opération » nettoyage » menée par le général Bigeard et ses troupes de parachutistes.
C’est en cours de route, vers l’un des plus grands hôpitaux de l’ALN de la wilaya III historique, aménagé dans une grande et inaccessible grotte à proximité du village Iwakouren, en haute montagne, à quelques encablures du sommet de Tamgout ; sur ce mi-chemin au lieu-dit Ifrane Bouchene, près du camp de commandement de l’ALN Thaguemount, qu’elle s’est retrouvée prise dans le dispositif de ratissage de l’armée coloniale. Encerclée, elle refusa de se rendre et engagea une violente riposte contre des centaines de soldats auxquels elle a tenu tête et résista durant plusieurs heures. Ses compagnons faits prisonniers, 02 infirmières et un guide, racontent qu’ayant épuisé ses munitions, elle quitta son abri et se montra délibérément en tirant sa dernière cartouche pour être tuée debout les armes à la main tout en criant “Tahya el djazair”. C’est le 27 juin 1957 que Malika Gaid tomba au champ d’honneur à l’âge de 24 ans. Des prisonniers utilisés pour le transport de postes émetteurs présents sur les lieux racontent que les officiers français en arrivant près de sa dépouille, revêtue d’un treillis de combat, lui présentèrent les armes et le salut militaire en reconnaissance à sa bravoure, son courage au combat et son sacrifice volontaire, refusant d’être prise vivante. Les mêmes prisonniers soulignent qu’elle avait pris le soin auparavant de détruire tous les documents qu’elle avait sur elle, selon les consignes de guerre de l’ALN. À rappeler que Malika Gaid a participé au congrès de la Soummam du 20 Août 1956 à Ifri sur ordre du colonel Amirouche. C’est souligner la confiance et l’estime que ce dernier lui accordait.
O. S.