Depuis des jours, plusieurs villages de la commune de Chemini font face à une crise sans précédent en eau potable. Et comme un malheur ne vient jamais seul, l’eau qui coule des robinets est loin d’être rassurante, d’autant plus qu’elle n’a plus les qualités chimiques et bactériologiques connues du précieux liquide.
Cette eau, censée être potable, est caractérisée par une salinité et une densité élevée que celle consommée ordinairement. Puisée en contrebas de la commune, plus exactement au lieu-dit Mellah, au village Takrietz, l’un des forages que compte l’APC de Chemini ne remplit guère les espoirs «accrochés» en lui.
Un faible débit et une présence élevée du sel sont les caractéristiques de l’eau puisée dans ce puits. Comme son nom l’indique, Mellah fait référence à la présence du sel (lemleh) en quantités importantes. Il ne faut pas s’attendre à une eau miraculeuse dans ces lieux. «Mellah restera toujours une zone de sel par excellence», nous dira un septuagénaire. Par ailleurs, l’alimentation des foyers par cette eau n’est pas du goût des consommateurs, en sus, elle ne coule qu’une fois par semaine.
«Les sédiments blanchâtres laissés par cette eau trouble nous inquiètent amplement. Il suffit de voir nos appareils sanitaires, entre autres lavabo, bidet, baignoire, cuvette… pour se rendre compte de visu que l’eau en question est loin d’être propre à la consommation. Elle est impure et présente un grand danger pour la santé des villageois», s’indigne un habitant du village Takorabt. De même, les plantes et autres arbres fruitiers se fanent après avoir été arrosés par cette eau salée.
La salinité provoque des ravages sur les cultures irriguées par ladite eau. Ces dernières semaines, une panne sèche frappe les foyers de la commune de Chemini, contraints de recourir à l’achat de citernes en eau afin de pallier le manque flagrant de l’eau dans les robinets. Le stress hydrique atteint son paroxysme chaque saison estivale. Cette année s’annonce elle aussi de mauvais augure pour les ménages, qui subissent de plein fouet cette crise endémique d’eau potable.
«Que peut-on remplir avec un faible débit en un quart d’heure, de surcroit, une fois par semaine ? Les robinets sont presque à sec, et nous n’avons même pas mis le pied dans la saison des grandes chaleurs», s’interroge un autre villageois. La saison estivale promet d’être chaude pour les habitants de la localité de Chemini, désormais accoutumée au rationnement de l’eau potable.
Les mesures palliatives entreprises par les responsables locaux pour résoudre l’épineux problème d’AEP n’ont ni étanché la soif ni tromper la faim des Cheminois, mais au contraire, cette situation fait craindre le pire pour les semaines à venir. Plusieurs personnes se sont plaintes auprès des autorités locales afin d’attirer leur attention quant à cette eau impropre à la consommation, mais force est de constater que les robinets ne font couler qu’une eau saline.
Au demeurant, il semblerait que les autorités locales soient dépassées par l’ampleur du problème à telle enseigne que l’AEP constitue l’épée de Damoclès pouvant faire couler l’assemblée élue. Leur seul espoir de sortie de crise ne peut venir que de l’alimentation en eau via le barrage hydraulique de Tichi Haf. Néanmoins, ledit projet n’a pas encore atteint son rythme de croisière au grand dam de la population locale qui n’a d’autres choix que de s’approvisionner dans les fontaines publiques ou de l’acheter carrément auprès des vendeurs ambulants sillonnant les villages par leurs camions équipés de citernes.
Bachir Djaider