Le loto jusqu’au S’Hour

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Aux journées moroses, plombées par le soleil d’été, succèdent des nuits plus animées et, néanmoins, plus fraiches, au centre-ville de Aïn El Hammam.

Ici, on passe le temps comme on peut, en attendant le S’Hour. Les loisirs sont, pour le moins que l’on puisse dire, limités aux jeux, de hasard particulièrement. Les quelques cybercafés qui n’ont pas encore mis la clé sous le paillasson et qui se donnent la peine d’ouvrir quelques heures par nuit, recueillent des mordus du web. Les cafés maures, lieux de rencontre des amis pour une soirée autour d’un thé ne désemplissent que vers 23 heures, abandonnés par les veilleurs invétérés qui termineront la soirée au village, avec quelques cartons de loto ou d’interminables parties de poker.

Chaque petit bourg possède son café d’occasion, ouvert juste pour le mois de carême. On y trouve de tout. C’est une sorte de «multi-services». On vient pour y prendre un thé un fruit ou un kelb ellouz. Mais c’est surtout les jeux de hasard qui drainent la foule. Dès vingt et une heures, on se presse sur les madriers, faisant office d’ameublement. Chaque joueur tient devant lui un carton de loto avec le secret espoir de terminer la soirée avec le pactole.

Les férus du poker dont les mises sous la table sont importantes, nous dit-on, commencent tard et à l’abri des regards indiscrets. Ils ne s’arrêteront qu’aux aurores, à la fermeture du café.

Certains y laisseront toutes leurs économies. Le rituel reprendra, ainsi, le lendemain, après une autre journée de jeûne. Les mêmes joueurs, perdants ou gagnants de la veille, reprendront leurs places, chaque nuit, pour y laisser encore une partie de leur salaire. Il n’y a que l’Aïd, avec la fermeture de ces lieux, qui les délivrera de ce cercle infernal. Sur les routes, les va et vient des voitures de tous genres, motos et même de gros camions, ne cesseront que tard dans la nuit.

La nouveauté réside dans les sorties familiales. Si l’habitude de fréquenter les cafés avec femmes et enfants n’est pas encore ancrée chez nous, les promenades nocturnes, sécurité oblige, sont de plus en plus fréquentes. On sort prendre l’air comme en plein jour. Ce qui n’est pas courant en temps normal. Les jeunes innovent, également, en organisant des tournois de football mais, tous, ne sont pas sportifs. Contrairement à l’an dernier, aucune soirée artistique n’est programmée pour le moment en ville ou dans les environs.

Mais cela ne saurait tarder, croit-on savoir.

Des lieux publics, à l’air libre, telle la place des horloges, se prêtant pour de genre de manifestations, existent.

A.O.T.

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