Projets cherchent foncier

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Paradoxalement, alors que les squatteurs de terrains forestiers et domaniaux se retrouvent régularisés quelques temps plus tard à la faveur de lois et circulaires pondues périodiquement, l’implantation d’équipements d’utilité publique et autres projets de développement est, souvent, confrontée à la rareté du foncier. Y a-t-il réellement un problème de foncier en Algérie et particulièrement dans la wilaya de Béjaïa ? Enfin… ! Ce qui est sûr, c’est qu’au niveau central, on a pris au sérieux cette contrainte. Pour solutionner ce problème, le ministre de l’Industrie de l’époque, Amara Benyounès, avait proposé au gouvernement de déclasser plus de 3 000 hectares de terres agricoles dans une vingtaine de wilayas dont Béjaïa. Ainsi donc, on admet en haut lieu que plusieurs terrains à vocation agricole sont, présentement, de faible rendement. Alors, pourquoi continue-t-on à bloquer des projets structurants pour une histoire de distraction non encore accordée ? Béjaïa a enregistré et continue d’enregistrer une multitude de cas. Interrogé à ce sujet, un cadre de la direction des services agricoles de la wilaya de Béjaïa a été catégorique : «À notre niveau, nous ne faisons qu’une description du terrain tout en y émettant un simple avis. C’est au comité interministériel, dont est membre notre ministre, de décider de la distraction». Plusieurs projets sont compromis par l’absence d’assiettes de terrain et le fameux sésame du ministère qui tarde à venir. Le centre hospitalo-universitaire, le centre anti-cancer, le nouveau stade et le complexe pétrochimique sont, entre autres, les principaux projets qui y sont confrontés aux côtés de celui de la pénétrante autoroutière confronté au problème d’indemnisation des propriétaires terriens. Le CHU, prévu à Djebira, dans la commune de Boukhelifa, et le centre anti-cancer, prévu à Amizour, attendent la fameuse distraction pour être lancés du fait que toutes les procédures et études ont été finalisées. Le nouveau stade sera, finalement, implanté à Oued Ghir alors qu’il était prévu à El Kseur. C’est aussi un problème de terrain…agricole. Le choix du site d’implantation du 3e plus grand complexe pétrochimique d’Algérie, l’un des projets les plus structurants de la wilaya de Béjaïa, a été confronté au diktat de la distraction. Vu la rareté du foncier à Béjaïa, le choix s’est, également, porté sur un terrain agricole à rendement moyen, situé à El Kseur, lequel a été soumis à la procédure de déclassement. Néanmoins, le ministère de l’Agriculture a apposé son véto sous prétexte que ledit terrain est à haut rendement agricole. C’est ainsi que la procédure de déclassement n’a pas eu lieu, laissant encore une fois place au doute quant à la réalisation de ce projet. Délocalisé suite à ce niet du ministère de l’Agriculture, il devrait finalement être réalisé dans la commune de Boudjellil, située à l’extrême sud-ouest du chef-lieu de la wilaya. Alors que le maire de Tinebdar parle d’annulation de projets inscrits à l’actif de la wilaya de Béjaïa, le wali a profité de la présentation de l’étude de réalisation du nouveau stade, pour donner un aperçu du taux d’avancement des projets structurants. Les travaux de la pénétrante avancent d’une manière satisfaisante et le projet n’enregistre pas de retard, fera-t-il remarquer. Concernant le projet de dédoublement de la voie ferrée Béjaïa/ Béni Mansour, il est toujours retenu et ne sera pas annulé soulignera-t-il. Le PDG de l’ANSERIF a demandé à l’entreprise chargée de la réalisation du projet d’arrêter les travaux jusqu’au dénouement du conflit ; le dialogue va continuer avec les opposants au tracé qui sera également réexaminé de manière plus approfondie. Il reviendra également sur le CHU, le centre anticancéreux, la plate-forme pétrochimique et l’extension du port qui seront réalisés dans la wilaya de Béjaïa. Dès lors qu’un projet est inscrit à l’indicatif de la wilaya de Béjaïa, le problème du foncier surgit. Alors commence la procédure de levée des contraintes, procédure qui dure plus que les délais impartis à la réalisation du projet. Que de retards dans les procédures ! Abandonnés, dans leur majorité par les agriculteurs, donc infertiles, les terrains agricoles constituent-ils la solution au développement de la région ou plutôt un freinage à son essor ? La question restera longtemps posée.

A. Gana

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