L’opération Bigeard gravée dans la mémoire

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En réaction à la pression de l’administration coloniale qui instaura un état de siège dans la région, les groupes de fidayes organisèrent la riposte en harcelant par des actes de sabotages ciblant les exploitations agricole d’Oughazi, ou en s’attaquant aux infrastructures publiques, telles que les lignes électriques, téléphoniques, les conduites d’eau ou encore les routes. Ou faisant des embuscades contre les convois de transport de troupes et de ravitaillement des garnisons militaires stationnées dans la région.

Donc c’est à cause de toutes ces actions menées sans relâche par les moudjahidines, que l’Etat major des forces coloniales françaises a décidé de mener une opération d’envergure de nettoyage en ciblant les maquis de la région de M’Chedallah. Baptisée «opération Bigeard», celle-ci a été orchestrée et exécutée par ce tristement célèbre général et déclenchée le 27 juin 1957.

Cet officier et ses troupes ont débarqué à Saharidj, la veille du déclenchement de la spectaculaire opération, soit le 26 juin, et ont installé le point de commandement (PC) au lieudit «Ignan», en plein cœur de l’actuel chef-lieu de cette commune, pour superviser cette offensive contre les maquis et villages de haute montagne. Durant cette opération 32 000 soldats ont été mobilisés, soit 02 divisions, selon l’historien et moudjahid Boukrif Hadj Hamadache. Cette offensive a été déclenchée sur insistance des colons de la région et de l’administrateur, après plusieurs actions menées par les fidayines contre les installations militaires et les fermes exploitées par les colons dont le premier ciblé par les éléments de l’ALN, fut le maire de la commune mixte de Maillot (actuelle M’chedallah) JOANES TROCCON.

Le troupeau de vaches, de race espagnole, composé d’une douzaine de têtes, appartenant à ce colon a été emporté. Ainsi, d’autres actions de sabotage des infrastructures des forces coloniales, tels que la ligne électrique qui alimente la région de l’ex-Maillot, à partir de la centrale d’Ath Illithen, plusieurs axes routiers goudronnés, la conduite d’eau du captage de Tala Rana, au village Ivelvaren, le canal d’irrigation des fermes de la plaine de Maillot et de Chorfa exploitées par les colons à partir de la source noire (El Ainser Averkane) et enfin la caserne militaire de Maillot et la brigade de la gendarmerie. C’est en réponse à l’appel de détresse de l’administrateur de la commune mixte de Maillot et des colons, que l’Etat major a décidé de réagir et frapper fort pour mettre fin aux actions des fidayines et en même temps terroriser la population qui leur apporte son soutient.

Pour cela, il a été fait appel au général Bigeard, qui a fait ses preuves en Indochine à la tête de ses bataillons mercenaires. Le déclenchement de l’opération a commencé par un bouclage hermétique de la zone ciblée par les parachutistes. En effet, l’armée de terre et l’infanterie se sont mises en mouvement. Elles ont été épaulées par une couverture aérienne, des hélicoptères de surveillance «Alouettes», des avions à réaction de la 8ème armée spécialisée dans le largage du napalm et des gaz asphyxiants et d’autres avions de surveillance dénommés «Mouchard».

Cependant, les groupes des moudjahiddines, qui se sont rendus compte de la stratégie de l’étau utilisée pour les neutraliser, ont réussi à quitter la zone d’opération, à la faveur de la nuit en déjouant le système du bouclage, grâce à leur parfaite maîtrise de terrain et le soutien de la population.

Ainsi, durant leur progression, les militaires français n’ont fait que procéder à des arrestations massives des civiles sans armes, qu’ils regroupèrent à proximité du PC de Bigeard, où a été installé un centre de torture durant le 2ème jour de l’opération. Quelques moudjahidines pris dans la souricière, à l’exemple de Menhoudj Amar, organique des cellules FLN et collecteur de fonds du village Ath Oualvane, Maameri Amar, Moussebel d’Ath Hamadh, collecteurs de fonds aussi et Boukrif Moussa collecteur de fonds du village Ath Ivrahim ont été exécutés à Saharidj après avoir refusé de parler sous la torture.

Le dernier a été assassiné le 19 juillet 1957, à Tiaassassine, à proximité du lieu où a été aussi exécutées, Malika GAID et deux infirmières faites prisonnières. C’est durant le même ratissage qu’est tombé au champ d’honneur, le lieutenant AMROUCHE Mouloud, originaire du village Tadert Lejdid d’Iwakouren, au lieu-dit Avaznou à Ighil Hamadh, après une héroïque résistance. Il n’a été tué qu’après avoir épuisé ses munitions et détruit tous les documents en sa possession.

Plusieurs caches et refuges des moudjahiddines ont été découverts et des dizaines de maisons dans plusieurs villages ont été détruites. L’opération Bigeard qui a duré 03 jours a fait tomber au champ d’honneur 58 martyrs. Quant aux conséquences psychologiques, il s’est produit pratiquement un effet inverse de celui escompté par les forces coloniales, qui voulaient terroriser la population mais celle-ci n’a fait que redoubler l’ardeur pour apporter son soutien inconditionnel aux moudjahiddines, en plus de plusieurs dizaines de volontaires qui ont pris le maquis, immédiatement après la fin cette opération qui est restée dans les anales de la région.

Oulaid Soualah

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