Le ciel continue à cracher son feu. Sadiya n l’Euro est au téléphone
– Il faut que tu viennes Rezki !
– Fait trop chaud … !
– Nous t’attendons. Ghardaia souffre. Il faut faire quelque chose !
Trois heures après, Dezdeg est à At Rgad, chez Sadiya n l’Euro, où il y trouve Kaci l’Angoisse et Da Militant.
– Nous ne pouvons pas rester insensibles à ce qu’endurent atmaten-nnegh n Ghardaïa. Là c’en est trop ! hurle sa colère Sadiya.
– Que pouvons-nous faire, mis à part nous rassembler pour exprimer notre solidarité ? demande Kaci l’Angoisse
– Pas besoin de solidarité stérile. Il faut agir, intervient Da Militant
– Il faut d’abord identifier le problème. S’agit-il réellement de conflits ethniques, de manipulations politiques, de mains étrangères. C’est pourquoi, je propose un voyage dans le passé de Tagherdayt.
Une demi-heure après, ils se retrouvent dans la vallée du Mzab du Xème siècle. Ils y trouvent un peuple paisible construisant ses villes fortifiées, histoire de marquer sa distance avec ses détracteurs les Fatimides. Pour voir plus clair, les At Rgad avancent dans le temps. Ils arrivent à la période du Royaume Zianide. A cette époque, des Arabes et des Juifs y cohabitent. Tout avait l’air de bien fonctionner.
«Et si on allait voir du côté de 1956», propose Da Militant.
Un quart d’heure après, ils se retrouvent en Avril 1956, à la prison Barberousse où est incarcéré Zakaria Ben Slimane Ben Yahia Ben Cheikh Slimane Ben Hadj Aissa connu sous le nom de Moufdi Zakaria. Le poète de la révolution noircissait une feuille blanche. «Azul ay ameghnas !», le salue Sadiya
Le poète lève la tête et ne voit personne.
– azul ay ameghnas ! revient à la charge Kaci
– qui êtes-vous c’est quoi cette langue ?
– C’est du tamazight.
– Quoi ?
– Ma ta tellid ?
– Labas ! Vous parlez le mozabite ! Mais où êtes-vous ? Qui êtes-vous ?
– C’est difficile à expliquer. Nous sommes venus du futur. Tagherdayt va mal et nous sommes venus demander quoi faire
pour aider !
– Encore ! L’Etat n’a toujours pas réglé le problème.
– Quel problème?
– L’Algérie a toujours une tribu à la place du cerveau !
– Alors Moufdi, que peut-on faire pour tagherdayt ?
– Que pouvez-vous faire pour l’Algérie. Parce que le mal est partout et s’appelle tribu, dechra, taddart, houma, clan… Faites que l’idée de citoyenneté prévale.
– Qu’écris-tu sur la feuille ? lui demande Dezdeg
– L’hymne national, à la demande de Abane Ramdane. Vous le connaissez ? Lui, c’est un citoyen !
T.O.A
t.oudamar @yahoo.fr
P.S / «La société et bien gouvernée quand les citoyens obéissent aux magistrats et les magistrats aux lois» De Solan

