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La campagne moisson-battage bat son plein

Pour tous les usagers de la RN68, le paysage, en cette période de l’année, entre les localités de TiziGheniff et Draâ El-Mizan est tout simplement sublime.

Les céréaliculteurs venus à notre rencontre nous ont fait part de leur satisfaction de voir les machines arriver cette année au moment opportun, alors que, l’an passé leur apparition ne s’était faite qu’au début du mois d’août.

Aussi, de part et d’autre de la chaussée, les champs de céréales sont tous moissonnés ; sur leurs surfaces, des tas de bottes de foin se dressent comme des épouvantails. «Pour cette année, en ce qui concerne la subdivision agricole de Tizi-Gheniff, la surface totale emblavée en céréales est de l’ordre de 528 hectares, dont 288 hectares en blé dur, 200 autres en orge alors qu’une superficie de 40 hectares a été réservée pour l’avoine», nous annonce Mme Saliha Belfadel, rencontrée dans les locaux de la subdivision agricole de Tizi-Gheniff où elle assure l’intérim conjointement avec celle de Draâ El-Mizan.

Elle ajoute que pour cette présente campagne moisson-battage qui a débuté le 6 juillet passé trois machines appartenant à des privés ont été mobilisées. «En ce qui concerne les rendements, ils sont évalués, à ce jour, à 22 quintaux à l’hectare pour le blé dur et à 18 quintaux à l’hectare pour l’orge, ce qui est quand même appréciable compte tenu des conditions climatiques défavorables qu’avaient à subir les plants, surtout avec la faible pluviométrie», nous confie encore notre interlocutrice. Au demeurant, les céréaliculteurs rencontrés n’ont pas manqué comme à leur habitude, de nous parler des difficultés rencontrées. Ils ont déclaré que le stress d’une mauvaise année (mauvais rendement) ou d’une subite catastrophe pouvant toucher leurs récoltes hantent leurs nuits.

«Les gens ne cherchent pas à savoir comment leur parvient le pain ou le couscous qu’ils consomment. Ils ne tombent pas comma ça du ciel, c’est le fruit d’un dur labeur des céréaliers, qui ne trouvent une courte paix que lorsqu’ils livrent leurs récoltes à la CCLS de Draâ Ben Khedda. Il faut savoir aussi que dès le début de la campagne labours-semailles, les céréaliculteurs vivent dans l’angoisse et la crainte de tout perdre», nous déclare Aami Ahmed qui suit les aller et retour de la moissonneuse-batteuse qui, de temps à autre, laisse derrière elle une trainée de paille.

Par ailleurs, en ce qui concerne les variétés ensemencées à Tizi-Gheniff, notre interlocuteur nous apprendra que certains agriculteurs ont opté pour la variété dite «Chen’s» et d’autres pour la «Vitron». Mais durant ces dernières années, bon nombre d’entre eux préfèrent la variété «Simito», qui est plus résistante à notre climat -même quand il est défavorable- grâce à son épaisse tige. Cependant, notre interlocuteur regrettera le fait qu’aucun céréaliculteur à Tizi-Gheniff n’a daigné se lancer dans la multiplication, alors qu’elle est plus rentable.

«A Tizi-Gheniff, nous ne produisons que pour la consommation et nous ne faisons pas de la multiplication alors qu’à Ain-Zaouïa et à Frikat, elle est très répandue», nous confie notre interlocuteur qui attend l’arrivée de deux tracteurs dont l’un est muni d’un faneur andaineur qui, avec des dents circulaires, ramasse le foin en traçant des lignes, avant que le second tracteur ne s’en chargera pour en faire des bottes. Après, il ne restera que le ramassage de ces bottes pour les placer dans les hangars afin de les «protéger» des intempéries. Les sacs de blé quant à eux seront acheminés vers les silos de la CCLS de Draâ Ben Khedda.

En outre, si les céréaliculteurs sont tout impatients d’en finir avec leurs parcelles de céréales, il en est de même pour les conducteurs de ces grosses machines que sont les moissonneuses-batteuses. «Il n’est pas facile de travailler sous cette chaleur, à plus de 42° C à l’ombre et en plein carême. Nous travaillons pratiquement dans les mêmes conditions que celles dans les hauts fourneaux des aciéries du Nord de la France, décrites par nos anciens émigrés. Nous vivons aussi dans la hantise d’une subite panne qu’on aura du mal à réparer dans l’immédiat ou à trouver la pièce défectueuse pour la réparer, et ce, tout en entendant les céréaliculteurs fulminer derrière», nous confie ce courageux machiniste.

Essaid Mouas

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