La détresse des personnes âgées

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La détresse des pensionnaires du foyer d’accueil des personnes en difficulté de Yakouren est à son paroxysme. La fermeture du foyer, qui les abrite depuis des années, pour certains d’entre eux, pointe à l’horizon. Une seconde rupture donc, pour ces déracinés sans familles, semble en phase d’anéantir ces êtres fragilisés par un passé qu’ils n’ont pas choisi.Plus de 20 pensionnaires y vivent actuellement. Des personnes âgées ainsi que d’autres couches de la société qui ont trouvé dans cet endroit leur dernier refuge. Lors de notre passage au centre, l’affolement se lisait sur leurs visages, car sommés de quitter les lieux…Dans le centre, l’ambiance est familiale et la solidarité est de mise, chose qui a crée un climat de chaleur pour ces damnés de la terre. Malgré la modestie de leurs conditions de vie, ils se sentent chez eux. Il y a quelque temps, certains d’entre eux ont été contraints de quitter cette “ambiance pour être transférés au centre de Boukhalfa. “Se sentant déracinés, certains sont déjà revenus et d’autres attendent l’amélioration de la situation du centre pour les suivre”, nous dit un pensionnaire. Les cas sociaux sont divers et variés, bien qu’ils se ressemblent tous, car unis par la détresse humaine. Pour l’atténuer, chacun essaye d’apporter sa touche, à l’instar de ce vieillard qui s’occupe de la toilette et de l’hygiène d’un pensionnaire handicapé dépendant. “Regardez, malgré les égratignures que j’ai, c’est moi qui me charge de lui”, nous dit un vieillard en nous montrant ses mains. Les personnes qui vivent dans ce foyer résument à elles seules tous les maux de la société et constituent un échantillon des plus représentatifs. Des vieillards rejetés par leurs enfants, des sans-abris, des handicapés, des femmes avec leurs enfants et des personnes en rupture avec leurs familles. Des situations que pourraient vivre le commun des mortels, puisque le centre a joué, par le passé, le rôle de médiation sociale pour réintégrer dans leurs familles des personnes qui s’y étaient réfugiées. “Une centaine de cas en une seule année”, nous dit un responsable du centre. Des figures connues ont également transité par cet endroit, lors de désaccords avec leurs familles, ils y ont trouvé refuge, le temps d’un orage. Durant certaines périodes, le centre a abrité jusqu’à 60 personnes. “En alternative, à la fermeture du centre, il a été proposé aux pensionnaires de se diriger vers des institutions de substitution, à des centaines de km pour la plupart d’entre eux. Chose qui ne les enthousiasme pas”, nous dit une pensionnaire déterminée à s’accrocher.… la criseLa genèse de la crise que vit le foyer d’accueil remonte au mois de février dernier, quand le comité de wilaya du Croissant-Rouge algérien s’est désengagé quant à sa gestion. Depuis, il est resté sans tutelle. Une décision unilatérale selon des responsables au centre. Cette dissolution n’est pas conforme à la législation régissant le statut du centre puisque une telle décision doit être prise par le Conseil d’administration composé de 7 membres, à savoir : l’APW, la santé, le Croissant-Rouge, la daïra, l’APC, un bienfaiteur et un gestionnaire du centre. Le conseil est donc seul habilité à trancher du sort de cette institution humanitaire.Pour son fonctionnement, le foyer reçoit une aide de la wilaya, 30% du Croissant-Rouge selon la convention établie lors de sa création, en plus des dons des bienfaiteurs.En décembre 2003, une subvention de 400 millions de centimes lui a été totalement allouée par la wilaya. “Une somme qui n’a pas été consacrée au centre, puisqu’il n’a bénéficié que d’une partie, alors que le sort de l’autre partie demeure inconnu”, ajoute notre source.Pour celà, une plainte pour détournement a été déposée par le centre ainsi que par 13 comités locaux du Croissant-Rouge algérien, à l’encontre du président du comité de wilaya du CRA. Le mis en cause a été placé sous contrôle judiciaire depuis le mois de juillet dernier.Depuis une année donc, le sort du centre est incertain et les pensionnaires tiennent plus que jamais à y rester. Invités plusieurs fois à quitter les lieux, ils ont à chaque fois refusé cet “arrachement”. Pour accélérer les mesures visant sa fermeture, les travailleurs ont été éloignés dans le but d’entraver le fonctionnement du centre, les pensionnaires sont sommés de quitter les lieux et les fournisseurs sont en rupture d’approvisionnement. “Devant la détermination des pensionnaires et des travailleurs à sauvegarder leur foyer, on mise plus sur sa décomposition”, nous dit toujours notre source.

N. Boukella

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