Du retard et des appréhensions

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Le wali de Bejaïa et le recteur de l’université, accompagnés d’une importante délégation, ont inspecté le chantier de réalisation du campus universitaire d’Amizour.

Un léger retard des travaux pourrait faire que le projet ne soit pas achevé à la prochaine rentrée universitaire. En effet, mardi dernier, tous les responsables du projet étaient au rendez-vous. Des explications ont été étalées à la délégation par le responsable du bureau d’études et de suivi dudit projet. L’état d’avancement affiche des résultats relativement positifs, même si un retard de fait est constaté sur les lieux. Les amphithéâtres sont finis à 100%, ainsi que le bâtiment administratif, qui abrite également l’auditorium qui en est à plus de 95% de taux d’achèvement. D’autres bâtiments et structures ont également été annoncés comme achevés à 90 ou 95%, ou même à 99%, pour certains autres, comme le centre-système, la salle des enseignants, etc.

La bibliothèque, véritable poumon pédagogique et de recherche de l’université d’une capacité de sept-cents places, n’est finie qu’à hauteur de 62%. Plusieurs autres chantiers accusent de grands retards. C’est le cas des escaliers et aménagements intérieures, dont le taux d’achèvement ne dépasse pas les 20%. Ce campus universitaire a été conçu pour accueillir quatre mille étudiants dans un premier temps, avant de bénéficier de diverses extensions permettant l’augmentation de ses capacités d’accueil. La résidence universitaire, de son côté est prévue pour accueillir trois mille lits pour cette première tranche. Mais sa capacité sera portée au double de ce nombre dans un avenir proche. Un nombre encore indéfini, mais annoncé comme important, d’enseignants, de personnels administratifs, techniques et de sécurité viendra compléter cette pléthore de population qui s’ajoutera aux quarante-cinq mille habitants d’Amizour, augmentant par-là de presque 25% le nombre de cette population.

Désorganisation des chantiers

Durant la présentation des tableaux explicatifs de l’état d’avancement des travaux, le Wali et le recteur de l’université ont posé de nombreuses questions aux responsables du bureau d’études et des entreprises de réalisation. La désorganisation des chantiers est constatée et le manque de coordination entre les intervenants est flagrant. Ces derniers, se sentant acculés par la précision des détails demandés, surtout de la part du recteur, se sont rejetés la responsabilité des retards, l’un sur l’autre. Une véritable cacophonie s’est alors installée dans un dialogue de sourds, entretenu par le silence du wali qui laissait les responsables se décharger les uns sur les autres de la responsabilité des retards constatés. Ainsi, les responsables de la DEP, direction des équipements publics, et ceux de la Sonelgaz se sont longuement disputés sur des détails techniques, tentant de noyer le poisson dans l’eau. C’est à ce moment, que Boualem Saidani, le recteur de l’université de Bejaïa, est intervenu avec sa pédagogie universitaire pour expliquer les conséquences qui risquent d’être provoquées par un tel retard. Car, «une fois les clés des bâtiments en main, il faudra encore du temps pour installer les équipements».

Il ajoute que, «Les ODS pour la fourniture des équipements ont déjà été donnés et les entreprises sont déjà prêtes à procéder à leur installation». Pour contourner le problème, le wali qui a fixé des délais, jugés intenables par les responsables du chantier, a proposé de renforcer les effectifs, en engageant de nouvelles entreprises moyennant la signature de conventions de gré-à-gré. Ainsi, il sera fait appel à six entreprises supplémentaires pour venir prêter main forte à celles déjà installées, et qui souffrent pour trouver de la main d’œuvre.

Sécurité des étudiants

Le recteur a également posé la question de la sécurité des étudiants, aux abords immédiats du campus. Si la gestion de l’enceinte revient à l’université les abords du campus sont de la responsabilité de l’Etat par l’intermédiaire de ses structures. L’éclairage public doit être installé le long du chemin, menant du campus à la ville d’Amizour, sur une distance de mille cinq-cents mètres. Le P/APC d’Amizour, Mokhtar Bouzidi, présent sur place, a tenu à rappeler qu’il avait adressé plusieurs demandes à la wilaya, en ce sens depuis plus de deux ans, mais elles sont demeurées sans réponse à ce jour. Elles prennent en compte, non seulement la question de l’éclairage public, mais aussi la nécessité du dédoublement de la voie pour désengorger la route qui risque de se saturer dès la rentrée prochaine. Il y a urgence en la matière. L’anticipation est l’une des caractéristiques de la bonne gestion. D’ailleurs, nous a fait remarquer le maire, sa structure n’a même pas été informée de la visite du wali. Il l’a appris par un coup de fil donné par un président d’une association locale. «Y-a-t-il volonté de marginaliser la commune dans ce projet?», se demande-t-il.

Appréhension et inquiétude

À la fin de la visite du chantier, Boualem Saidani, recteur de l’Université ne nous a pas caché son appréhension, quant à la livraison du projet dans les délais. «Ça reste faisable, mais je sens en moi de l’inquiétude». Un peu plus tard, un officier de la protection civile, nous affirme que le dossier de demande de conformité n’a pas encore été déposé auprès des services concernés. Certaines anomalies constatées, dès à présent demanderont du temps pour être corrigées et mises en conformité avec la réglementation et les normes de sécurité. C’est notamment, le cas pour certaines parties de la résidence universitaire qui accuse aussi des retards dans sa réalisation.

L’achèvement de ce projet apportera certainement un souffle nouveau et beaucoup d’espoir, aussi bien, pour Amizour, que pour l’université de Bejaïa. Les efforts conjugués de ces deux entités apporteront sans nul doute de profonds changements dans la société et contribueront au développement local, en lui donnant un nouvel élan et les moyens de sa concrétisation. Cette ville recevra, dès l’automne prochain, une dizaine de milliers de personnes qui viendront s’ajouter aux quarante-cinq mille habitants de la commune. Cela créera de nouveaux comportements et de nouvelles habitudes, en tirant le niveau général vers le haut. Et les amizourois ne devront compter que sur eux-mêmes pour faire face à ces changements prometteurs, et les rendre possibles et effectifs.

N. Si Yani

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