Les premières figues font l’événement

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C’est un événement fort commenté sur les places publiques et qui fait rapidement le tour des chaumières depuis la nuit des temps, ne perdant rien de son importance ni de sa valeur culturelle et traditionnelle.

La découverte de la première figue (Thassentith en kabyle) revêt le caractère d’un important événement. Le fruit qui arrive à maturité en premier à partir de la mi-juillet est dénommé localement “Alecakh” ; ensuite, c’est autour des autres variétés, comme Thaghelit, thaghanimt, ajendjar, avouhvoul thazegouakhth et enfin idjaâfar. Ce sont là les quelques variétés de figues de la région de M’Chedallah. Cette année, la bonne nouvelle annonçant la découverte de la première figue nous est parvenue du village Takerboust, dans la commune d’Aghbalou. Une région réputée pour la bonne qualité de ses figues et qui, de plus, constitue sa première richesse, car le figuier dans cette localité est cultivé en grandes quantités et entouré de soins méticuleux. C’est aussi une région où l’on remarque les derniers spécimens de paires de bœufs et les charrues traditionnelles, un équipement millénaire avec lequel on entretient les figueraies dans ces régions aux terrains fort accidentés qui culminent à quelque 1 000 m d’altitude sur les flancs Sud du massif de la chaîne du Djurdjura. C’est donc cette localité qui a eu l’honneur de voir sa récolte de figues arriver à maturité avant les autres villages, et cela dès la fin de la saison des figues précoces qui dure à peine un mois. La figue fraîche est entourée de tout un mythe en Kabylie et affublée de plusieurs vertus en plus d’être hautement nutritive. Cependant, avec des bouleversements climatiques doublés d’une palpable pollution, la consommation de ce fruit exotique très prisé mais extrêmement sensible demande à ce que quelques précautions simples mais indispensables soient prises avant sa consommation. En effet, arrivée à maturité la figue fraîche sécrète un liquide sucré et visqueux qui enveloppe entièrement le fruit. Cette matière collante accroche toutes les impuretés qui flottent dans l’air, en plus de minuscules insectes presque invisibles à l’œil nu qui s’y collent en tentant de sucer le jus sucré. La tentation irrésistible d’aller de bonne heure dans les champs pour se régaler de figues fraîches, cueillies directement de l’arbre et consommées sur place, est une coutume chère aux Kabyles et à laquelle nul ne résiste. De plus, la figue conservant la fraîcheur de la nuit au petit matin ne comporte pas de risque de diarrhée. Une infection qui se manifeste automatiquement après dégustation de figues chaudes ; d’où cette habitude chez les Kabyles d’aller se régaler tôt le matin au niveau des figuiers. Ceci dit, avec toute cette pollution, cette seule précaution est insuffisante ; la meilleure façon de déguster sans risques ce fruit est de le passer soigneusement sous un filet d’eau ou, à défaut, l’éplucher et le débarrasser de sa peau. Une opération simple et facile, étant que la peau se détache facilement à l’aide des deux doigts, ne nécessitant l’utilisation d’aucun instrument. Mais malheureusement, tout comme la pomme, une fois débarrassée de sa peau, elle perd une bonne partie de sa saveur et de ses vertus thérapeutiques. Le seul inconvénient que présente la peau de ce fruit en plus des impuretés qui s’y accrochent quand il est dégusté avant qu’il ne soit totalement mûr, c’est qu’elle garde encore des traces de sève qui s’attaque aux muqueuses et cause des désagréments accompagnés de douleur à la bouche. Un autre fruit de saison et qui va de pair avec les figues fraîches est la figue de barbarie, qui est aussi très prisée. Simplement, à l’inverse de la figue fraîche, cette dernière ne se laisse pas… prendre facilement. D’abord, la plante qui la porte comporte des épines semblables à celles des cactus. Ensuite, le fruit lui-même est recouvert d’un duvet qui est en réalité des épines fines et légères qui pénètrent facilement dans la peau au moindre contact et présentent même un danger pour les yeux. Le désagrément suivant est lorsqu’on mange une grande quantité car cela débouche automatiquement sur une sévère constipation qui nécessite bien souvent une prise en charge médicale à base de purge ou de lavement. En conclusion, signalons que ces deux fruits exotiques de large consommation en Kabylie provoquent tous les deux, bien souvent, des effets secondaires. L’un provoque la diarrhée et l’autre la constipation. L’on peut cependant se soulager de cette dernière, en avalant quelques cuillerées à soupe d’huile d’olive, une thérapie efficace qui soulage.

Oulaid Soualah

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