On se débrouille comme on peut

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Le mois de Ramadhan s’est invité cette année encore au milieu de la saison estivale, chose qui a quelque peu chamboulé le programme des estivants et retardé les départs en congé.

Mais maintenant que le Ramadan et les fêtes bouclés, beaucoup songeraient à prendre quelques jours de repos. Si pour certains, particulièrement les plus nantis, les destinations comme la Tunisie et la Turquie semblent toute indiquées pour passer un séjour au soleil, il n’en demeure pas moins que beaucoup de personnes n’ont d’autres choix que de passer un jour ou deux peut être trois aux bords du littoral algérien. Les plages de Béjaïa, de Boumerdès et d’Alger sont le plus souvent celles pour lesquelles optent les estivants Bouiris, notamment les jeunes. Là encore, il faudrait au préalable avoir mis un peu d’argent de côté pour se le permettre.

Car au frais de transport, viennent s’ajouter celles de la restauration, de la location des chaises et autres parasols, voire même des loisirs. Sinon, pour le reste de l’été chacun se débrouille comme il peut pour rompre avec la monotonie qui a tendance à s’installer. Néanmoins, des structures d’accueil de jeunes et des sites existent bel et bien dans la wilaya de Bouira. Sauf que certaines structures destinées aux jeunes sont le plus souvent insuffisantes et dans beaucoup de cas elles manquent d’animation. Il existe aussi des sites de villégiature un peu partout à travers la wilaya, mais ces derniers méritent d’être mis en valeur. Tikjda en est un parfait exemple.

Structures de loisirs : capacités d’accueil insuffisantes

Dans la wilaya de Bouira, il existe un centre culturel dans pratiquement chaque commune à quelques exceptions près. Ce genre de structures peut offrir une bouffée d’oxygène aux jeunes en proie à l’oisiveté durant la saison estivale. Seulement, leurs capacités d’accueil sont loin de répondre à une masse juvénile extrêmement forte. Fonctionnant parfois avec un encadrement réduit, des moyens de distractions désuets et le tout conjugué à une gestion archaïque, ces structures peinent à remplir leur rôle et combler le manque criard en moyens de loisirs. La gestion et le mode de fonctionnement de ces structures gagneraient à être repenser de manière à offrir aux jeunes plus de liberté d’initiatives et surtout des moyens de distractions modernes (jeux vidéos, net…). En d’autres termes, adapter ces espaces aux exigences des temps modernes marquées par des progrès technologiques fulgurants.

À côté de ces structures, il y a celles dites sportives. Les CSP, stades et piscines en font partie. Là encore, leur nombre est insuffisant. Donc, inaccessibles à un large public. En parlant de piscines, celles implantées au niveau des chefs-lieux de daïras n’arrivent même pas à accueillir les jeunes de ces grandes agglomérations. Ceux des communes limitrophes, eux, ne peuvent prétendre à y accéder. L’exemple le plus édifiant reste celui du chef-lieu de wilaya. Une seule piscine pour une population de plus de 80 000 habitants dont les ¾ sont des jeunes. Dans beaucoup de communes de la wilaya, il n’existe pas de terrains matico ou de piscines. Pour combler ce déficit, la frange juvénile se rue vers les stades. Des stades qui voient, d’ailleurs, à chaque saison estivale l’organisation de tournois inter-quartiers. C’est ce genre d’activités qui meuble essentiellement le quotidien des jeunes dans les villages durant les vacances scolaires.

Des sites attractifs à mettre en valeur

Les sites qui peuvent attirer les estivants durant l’été à Bouira, il y en a beaucoup. Tikjda est une destination très prisée car elle dispose de beaucoup d’atouts à même d’offrir des moments d’évasion. Aswel, Tighzart, Tala Guilef et le lac d’Agoulmime sont autant de sites de montagne dont regorge la station climatique de Tikjda. On peut y pique-niquer, bivouaquer ou pratiquer la randonnée. Tout près de l’hôtel CNSLT, le site regorge d’espèces animales et végétales. Les singes magots constituent une des attractions qui captivent le plus les estivants. Les enfants en raffolent. Toujours à Tikjda, pour les plus nantis, les auberges de montagne et l’hôtel CNSLT y proposent des séjours de rêve, mais à condition de s’y prendre plutôt et surtout y mettre le paquet. Car en été ces établissements affichent souvent complets. Désertés durant la décennie noire, la station de Tikjda et ses alentours commencent peu à peu à retrouver son charme d’antan.

Ceci dit, il faudrait multiplier les structures d’accueil et aussi et surtout développer le tourisme de masse. Mais à une seule condition, celle de préserver la nature. Car l’invasion du béton et la dégradation de l’environnement porteraient un coup à la beauté du site. En contre bas du site de Tikjda, un autre site, le barrage de Tilesdit en l’occurrence, suscite l’intérêt. Beaucoup s’y rendent en été. Mais là encore, un travail colossal reste à faire afin de faire du site une destination de choix pour les estivants. Pourtant, en 2009, il était question d’un projet d’aménagement des berges du barrage pour en faire un haut lieu des sports aquatiques. Mais, il n’en ni rien. Le projet est-il tombé à l’eau ? À voir les délégations ministérielles qui s’y rendent chaque année sur les lieux, on est tenté de dire que l’intérêt est toujours là mais pas de projets concrets pour le moment. Par le passé le site a déjà accueilli des compétitions de voiles, de canoë kayac ou encore des concours de pêches. Mais mis à part ces compétitions circonstancielles, rien n’a été entrepris. À signaler que le barrage a enregistré des noyades durant ce mois de juillet.

Les jeunes qui s’y rendent doivent redoubler de vigilance car la baignade en ces endroits est très risquée. Des sites aquatiques similaires, à l’image des barrages de Koudiat Acerdoune et Oued Lakhal sont attractifs et offrent des atouts non négligeables, à condition de les mettre en valeur bien évidemment. La forêt récréative d’Errich, située à la lisière de la ville de Bouira, est un autre site qui attire de plus en plus de familles en été. Beaucoup y viennent se promener et surtout fuir la chaleur. On y croise aussi des sportifs et des adeptes du footing. À Errich, les travaux d’aménagement (bancs, pistes, kiosques et espaces de jeux) ont pris un certain retard et le site se trouve toujours en travaux.

Les Bouiris attendent avec impatience l’achèvement des travaux sur le site et sa livraison au grand public. Le parc Dounia, jouxtant la maison de l’environnement constitue aussi une échappatoire pour la population de la ville de Bouira, laquelle vienne prendre un grand bol d’air frais. Il y a aussi le projet d’un parc aquatique qu’il faudrait peut être dépoussiérer et remettre au goût du jour pour offrir à Bouira un site digne de ce nom, où jeunes et moins jeunes peuvent s’offrir un moment d’évasion. La proposition du projet avait, pour rappel, été faite par l’industriel Issad Rebrab du temps du wali Ali Bouguerra. Si un tel projet venait à être concrétisé celui-ci pourrait attirer du monde et offrir un espace de détente et de loisirs particulièrement durant l’été. Il faudrait que les autorités y songent. Pour ceux et celles, des estivants, qui ne quittent pas villes et villages, il y a Internet et les ballades nocturnes.

D. M.

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