Cap sur le désherbage du cimetière "Sidi Boubkeur"

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Le cimetière « Sidi Boubkeur » de Tafoughalt est l’un des plus anciens de la région et même de la Kabylie. Selon des informations que nous avons recueillies, il dépasserait les trois siècles. D’une superficie de plusieurs hectares, il occupe une place stratégique dans ce village de plus de cinq mille habitants.

En effet, depuis qu’il a été grillagé au début des années 80, à chaque saison estivale, les djemâas du village, en nombre de neuf, procèdent à son nettoyage. « Ce ne sont pas comme les autres actions menées souvent par le comité de village « Tadukli N’Tfughalt ». Le désherbage du cimetière est confié aux djemaâs parce que chacune d’elles a son territoire, c’est-à-dire où sont enterrés ses morts », nous dira une jeune volontaire accosté dans le carré réservé à la djemaâ d’Idemichène. Bien sûr, celles d’Iâzavène, d’Ivouâzounène, d’Ath Abdellah, d’Ath Salem, d’Ath Mouh Oussalem ont déjà nettoyé leurs parcelles respectives.

« Il ne reste qu’une seule djemaâ qui n’a pas encore lancé son action », ajoutera notre premier interlocuteur qui nous fera visiter ce cimetière. « Ici, c’est une vieille mosquée construite au début des années 30. Pendant la préparation de la guerre d’indépendance, c’était ici que se rencontraient les premiers militants du mouvement national. Même le futur colonel Ali Mellah prenait part aux réunions, d’autant plus qu’il était déjà un pieux religieux », nous confiera notre guide. Durant la guerre de libération nationale, cette mosquée servait aussi d’école coranique.

L’apprentissage du coran et de la langue arabe était interdit après l’installation du camp militaire Bafer sur un point culminant du village dit « Vouziri ». Après l’indépendance, les vieux du village continuaient à l’utiliser comme salle de prière jusqu’à l’inauguration de la mosquée du village au début des années 80. Dernièrement, après la réalisation d’un réseau et d’un chemin bétonné sa clôture a été quelque peu touchée. Des membres du comité « Tadukli » envisagent, d’ailleurs, de refaire de fond en comble toute la clôture. Pour les opérations de désherbage, il est attendu qu’elles soient achevées d’ici la mi-août. Il ne restera que l’incinération des herbes fauchées qui se fera au mois d’octobre. Dans ce village, existe un autre cimetière « Iddarwzène ». Mais, celui-ci est abandonné depuis des années. Aucun mort n’y a été inhumé depuis des dizaines d’années. En dépit de cela et grâce à la contribution d’un jeune émigré du village, il a été clôturé par les anciens membres du comité « Tadukli ».

« Il fallait le protéger parce qu’il est devenu un lieu de regroupement aux jeunes et même de pâturage aux bêtes. Je me demande pourquoi les sites légués par l’armée française n’ont pas fait l’objet de préservation. Je vous citerai la SAS, le camp Bafer, le foyer des militaires et la salle de soins de l’infirmière », nous dira un jeune du village. Cela démontre que ce village était très bien surveillé durant la guerre de libération nationale parce qu’il a enfanté cent cinquante-six chahids sans compter le nombre de Moudjahidines dont certain sont encore en vie.

A.O.

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