Le chardonneret inonde le marché

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Depuis plusieurs semaines, on assiste au retour des vendeurs d’oiseaux qui s’installent, chaque mardi, à l’entrée du marché d’Aïn El Hammam. Officiellement, le chardonneret, «thimreqemth» en kabyle, fait partie des nombreuses espèces protégées. Cependant, la réalité du terrain est tout autre. Aujourd’hui, cet oiseau est en train de faire les frais de ses nombreux adeptes séduits par son plumage coloré et la beauté de son chant. Chassé sans ménagement ni crainte, ce passereau, petit et bariolé risquerait de disparaitre si rien ne sera fait pour que la chasse intensive, dont il est victime cesse.

De nos jours, il est rare d’apercevoir ces chardonnerets dans la région de Aïn El Hammam où, il y a peu, on observait fréquemment, des vols de plusieurs dizaines de sujets qui se déplaçaient de champs en champs et hantaient les jardins à la recherche de graines de chardons, leur nourriture favorite. Depuis plus d’un mois, les jeunes oiseaux dont les parents ont échappé l’an dernier, à la razzia des oiseleurs, sont ratissés par des adolescents qui les mettent en vente sur la place du marché. Des cages contenant plus de deux cents oiseaux, sont présentées aux nombreux acheteurs qui ne rechignent pas à débourser entre 1 100,00 et 1 600,00 dinars l’unité. Venus de Beni Zmenzer, comme ils l’affirment, deux jeunes garçons proposent à la vente des centaines de chardonnerets.

Abordés, par nos soins, vers la fin du marché ils nous ont offert de nous en vendre à un «prix compétitif» de 1 100,00 dinars l’oiseau. Des deux caisses contenant plus deux cents oiseaux, au début du marché il ne restait qu’une trentaine, vers onze heures du matin. Bien que peu prolixes sur leur manière de les attraper et du domaine de leur chasse, ils se défendent lorsqu’on évoque avec eux, l’interdiction de chasser cette espèce protégée: «ce sont des jeunes de cette année et il y en a partout, dans notre région».

Ce qui est loin d’être le cas à Aïn El Hammam, où les chasseurs du chardonneret local, très prisés par les connaisseurs, n’arrivent plus à en capturer. Ces petits oiseaux dont le ramage a causé la perte, n’inondent plus les chardons, comme au bon vieux temps. Et pour cause, à force d’être chassés ils se sont raréfiés. Les rescapés ne sont visibles que rarement, ils se déplacent non pas en vols importants mais en bande de quelques uns, seulement. Les oiseleurs quant à eux, continuent de se sucrer, en engrangeant des centaines de milliers de dinars, participant sans le savoir, à la disparition du chardonneret, que personne ne semble défendre. Sinon, comment expliquer que des jeunes fassent de la vente d’oiseaux leur métier sans être inquiétés.

A.O.T.

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