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La rénovation du musée du Moudjahid bientôt terminée

L’opération de rénovation du musée du Moudjahid de M’Chedallah lancée en novembre 2014 serait bientôt menée à terme, avec un taux d’avancement des travaux qui frôle les 90%, et après qu’une enveloppe financière d’un milliard de centimes lui était octroyée par le président de l’ONM Mr Said Abadou, lors de sa visite en 2013 dans la région. L’opération porte deux volets: la restauration de l’édifice, qui affichait d’importantes dégradations et de nouveaux aménagements intérieurs, comprend 03 salles au rez-de-chaussée, un bureau, des sanitaires et la reconstitution de la salle de tortures; les salles serviront aux expositions d’un ancien matériel de guerre et d’archives. Au niveau de l’étage supérieur ont été aménagées deux autres salles, l’une destinée pour les conférences, la seconde pour les expositions à côté d’un bureau au profit de la Kasma locale des anciens Moudjahiddines. L’aménagement de l’esplanade est aussi inclu dans cette opération avec la plantation d’arbres d’ornement, l’installation de globes lumineux et la réalisation d’un mur de clôture, au même titre que la boiserie, l’installation de faux plafonds, réfection des escaliers et la toiture et enfin le ravalement des façades intérieures et extérieures. Cette providentielle opération est venue à point nommé pour sauver de la déperdition cet édifice, qui renferme un pan entier de l’histoire de la guerre de libération et de la mémoire collective. Reste à espérer que sa restauration totale serait au rendez-vous, le 20 août prochain coïncidant avec le congrès de la Soummam de 1956. Rappelons que cette bâtisse, qui constitue un repère incontournable qui garde encore des traces vives de sévices perpétrés par le colonialisme contre la population autochtone, qui ne demandait rien d’autre que de recouvrir son indépendance et se soustraire au joug d’un colonisateur ravageur génocidaire, a été inaugurée lors de la commémoration de la journée du 11 décembre 1961 par l’organisation des Moudjahiddines, en accord avec les autorités locales, le 11 décembre 2010, après l’avoir reconvertie en musée du Moudjahid. Une ancienne bâtisse, jadis occupée par la brigade de la gendarmerie coloniale et baptisée au nom du Chahid Ahmanache Youcef. Ce vieux bâtiment, réalisé en R+1 et bien qu’ayant subi quelques modifications, garde encore des traces du colonialisme à base de cellules barreaudées, de bureaux qui ressemblent à des bunkers et des cachots hermétiques. Au-dessous du bureau du brigadier, est aménagée une cave sans ouvertures et à laquelle on accède par une trappe, cette pièce d’environ 4X4 m, réalisée en sous-sol est complètement hermétique et insonore. Les murs comportent deux lignées de gros anneaux, la première à ras du sol qui sert à entraver les pieds des prisonniers, la deuxième à hauteur d’homme pour immobiliser les mains. Des prisonniers encore vivants, qui ont transité par cette sinistre pièce de tortures, racontent qu’en plus de ces anneaux, elle était équipée d’une «gégène», de tabourets en fer à 03 pieds. Renversés, ces tabourets servaient à empêcher tout mouvement du supplicié qu’on enfonçait, plié en deux, entre les pieds et qui se retrouvait les genoux au menton, une position qui engendrait d’atroces souffrances. Enfin, la classique et terrible baignoire. Les témoins racontent que, rares sont les prisonniers qui sont sortis vivant de cette terrible cave, des prisonniers dénoncés par des traîtres ou arrêtés au hasard lors des ratissages. A quelques 200 mètres de cette brigade, a été aménagé un cimetière où sont enterrés tous les prisonniers morts sous la torture des gendarmes ou des soldats du deuxième bureau, dont le siège situé à l’autre extrémité de la ville de l’ex-Maillot, est aussi doté d’un centre de torture et d’équipements identiques. Des centaines de martyrs, assassinés dans ces deux sièges, sont enterrés dans ce cimetière plus connu sous le nom «Cimetière des étrangers» sachant que la plupart, sont ramenés des régions limitrophes. Dans une grande salle du premier étage de ce musée, sont exposées des centaines de photos des martyrs, qui ont succombés lors de séances de torture dans ce sinistre édifice. Un musée qui garde encore quelques traces de sévices inhumains infligés à ceux qui voulaient à tout prix se libérer du joug d’un colonialisme exploiteur, inhumain et barbare.

Oulaid Soualah

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