Panique à Bouira

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Les cas de brucellose chez les éleveurs bovins de Bouira ou même chez les citoyens ayant consommé du lait cru infecté, se multiplient dangereusement !

Dans la soirée de jeudi dernier, le nombre de personnes diagnostiquées positif au virus de la Brucellose, s’élevait déjà à quatorze. Leur nombre a doublé en l’espace de 48h. Selon certains éleveurs interrogés, ce chiffre pourrait bien encore argumenter, au vu des personnes ayant bu du lait de vaches cru durant la période d’incubation du virus. «On craint le pire ! Les autorités sanitaires et vétérinaires de la wilaya doivent intervenir au plus vite, afin d’éviter une réelle épidémie», s’alarmera M. Rachid Ayad, président de l’association des agriculteurs et éleveurs de la commune de Taghzout, sise à une vingtaine de kilomètres au Nord-est du chef-lieu de la wilaya. Selon notre interlocuteur que nous avons rencontré dans la matinée d’avant-hier, jeudi, les autorités, plus précisément les responsables de la direction des services agricoles (DSA), «sont en partie responsables de cette catastrophe : Avant 2011, le contrôle et la vaccination du cheptel étaient systématiques et avaient lieu tout les six mois. Aujourd’hui, on constate un certain relâchement de la part des vétérinaires de l’Etat», a-t-il expliqué. Au cours de notre entretien, un éleveur bovin, dont une vache laitière a été récemment diagnostiquée porteuse de cette maladie, a fait une révélation pour le moins surprenante. «Les résultats des prélèvements effectués et envoyés au laboratoire de Draa Ben Khedda (Tizi-Ouzou, ndlr) ont mis un temps fou pour me parvenir. Cela fait plus de vingt jours qu’ils traînent chez eux ! Ils viennent tout juste de me parvenir et le résultat indique qu’une de mes vaches est infectée et par conséquent, elle doit être abattue», a-t-il indiqué.

Les éleveurs accusent

Et d’enchaîner en s’interrogent : «Pourquoi autant de temps ? Normalement, les analyses se font dans un délai de trois à quatre jours». D’autres agriculteurs et éleveurs de Taghzout, qui est considéré comme le foyer de départ de cette maladie pouvant, faut-il le signaler, affecter le système reproductif chez l’être humain et le rendre stérile, ont noté le fait que les vétérinaires de la DSA font part d’un certain «amateurisme» lors de leurs contrôles. «Ils viennent sans la moindre protection et ils ne prennent aucune mesure d’hygiène. Ils font leur contrôle et ils repartent aussitôt. Moi qui n’a jamais fréquenté les bancs de l’école, je connais ces mesures de bases», fera remarquer M. Ouramdane, éleveur bovin de son état. Notre interlocuteur, qui s’est dit «consterné» par cette situation, dira avec l’humilité et le bon sens propres aux gens du terroir : «Au diable mes vaches ! Malgré que moi et mes semblables nous sommes ruinés et nous courons à notre perte, mais ce qui m’importe en ce moment, c’est la santé de la population. Les autorités doivent faire quelque chose et au plus vite !». L’ensemble des éleveurs rencontrés au même titre que le président de leur association, ont fait part de leur «extrême» inquiétude face à ce virus pernicieux et silencieux. Questionné à propos d’éventuels résultats d’analyses, lesquels ont été envoyés à DBK mercredi dernier, M. Kamel Chaabane-Chaouche, un éleveur qui semblait connaître ce dossier sur le bout des doigts, nous a indiqué que les résultats n’avaient pas encore été communiqués. À la question de savoir si les services de contrôle avaient effectué leur tournée ce jeudi, notre vis-à-vis a répondu négativement, tout en donnant cette raison : «Aujourd’hui, on est jeudi. Par la suite, c’est le week-end. Il faudrait attendre lundi ou mardi, pour qu’on puisse recevoir les résultats. Mais au-delà de quatre jours, les prélèvements, s’ils ne sont pas exploités, deviendront inutilisables», nous a-t-il informés. De leur côté les services vétérinaires de la DSA, au même titre que les responsables de la DSP, essayent tant bien que mal de gérer la situation. Seul petit «bémol» relevé réside dans la communication, que l’on pourrait qualifier d’hermétique, de la part des services de la DSP de Bouira. Son tout nouveau directeur était, lors de nos innombrables passages, absent et ne laissant aucun chargé de communication afin d’expliquer la situation et l’ampleur des dégâts causés par ce virus. Par contre, les services vétérinaires de la DSA, à leur tête Mme Kerkoud, même s’ils font un peu dans la «démagogie», demeurent tout le temps à l’écoute. D’ailleurs, cette vétérinaire a tenu à réfuter le terme d’ «épidémie», préférant parler de cas «restreints et illimités». Quoi qu’il en soit, les jours à venir vont être déterminants à ce sujet, car au fil où vont les choses et vu le nombre croissant de personnes atteintes, tout laisse à croire qu’on fait face à une épidémie de Brucellose à Bouira.

Ramdane B.

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