Après une abondance de figues de barbarie, voilà l’autre fruit le plus prisé en cette période estivale. Il s’agit de la figue fraîche. En effet, depuis le début de cette semaine, tous les matins, des enfants arrivent sur la place du marché avec des bidons pleins de ce fruit propre à la méditerranée, et plus particulièrement à la Kabylie. Ces figues succulentes sont alors proposées à des prix variés. Certains les cèdent à deux cents dinars alors que d’autres les fixent entre cent-cinquante et cent dinars, selon le calibre et selon la qualité. » Ce n’est pas encore l’abondance. Mais, nous arrivons quand même à cueillir déjà jusqu’à cinq kilos. Ce sont les premières. Il faudra compter jusqu’à la deuxième semaine du mois d’août pour enfin voir leur prix descendre et l’offre abondante. Tout de même, ce fruit reste le moins cher si on le compare aux autres fruits de la saison », nous dira ce fellah d’El Ansseur. Pour notre interlocuteur, les figueraies ont été décimées durant ces dernières années par les feux de forêts. » En plus de la disparition de cet arbre dans beaucoup de localités, je vous dirais que les jeunes d’aujourd’hui n’en plantent pas comme nos ancêtres. Pourtant, avoir une figueraie de vingt à trente arbres est une richesse », ajoutera le même interlocuteur, nostalgique des années 70 quand les fellahs remplissaient au petit matin des chouaris de figues qu’ils exposaient sur des claies. » Mon père arrivait jusqu’à obtenir plus de vingt quintaux. Aujourd’hui, la récolte a nettement baissé. Pourtant, notre figue est la meilleure de toute la Méditerranée », enchaînera le même interlocuteur. Ce dernier nous donnera l’exemple de la Turquie qui exporte la figue sèche. » Sur notre marché notre figue sèche est fixée au maximum jusqu’à deux cents dinars le kilo alors que celle importée est vendue jusqu’à quatre cents dinars. C’est pour vous dire que l’importance n’est pas donnée à la culture du figuier tout comme d’ailleurs celle de l’olivier », estimera la même personne. Dans cette virée au marché nous avons aussi approché quelques clients. » C’est un fruit que j’aime beaucoup. Je vous assure que je le place en tête de tous les autres fruits. Quelque soit son prix, je l’achèterai. Tout comme la figue de barbarie, c’est un fruit bien de chez nous, il faut encourager nos fellahs à en planter davantage », nous répondra l’un d’eux qui demandait deux kilos pour satisfaire ses enfants. Il est, donc, temps de régénérer toutes ces figueraies décimées par les flammes en accordant aux agriculteurs des facilités, comme il se fait pour les palmiers et autres plantations. La figue fraîche et la figue sèche sont à préserver, car elles sont une partie intégrante de nos valeurs et symboles de notre société millénaire.
Amar Ouramdane
