“Hôpital assassin !“

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Sadiya n l’Euro est au plus mal. Cela fait trois jours qu’elle n’a pas quitté son lit. Ses amis sont à son chevet.

– Je l’ai pourtant averti d’aller mollo avec les figues de barbarie, s’énerve Dezdeg

– Je ne pense pas que ce soit ça ! De toute façon ça transite très bien chez elle. Je crois que cela a un rapport avec ces vaches&hellip,; estime Kaci l’Angoisse.

– Brucellose !? Vite, emmenons-là à l’hôpital, suggère Da Militant

Deux bonnes heures après, ils se retrouvent aux urgences du CHU de la ville. Dans la grande salle d’attente, une dizaine de félins d’égouts courent, trois régiments de cafards et cinq bataillons de fourmis africaines.

Dix agents de sécurités aux allures de gardes rapprochés sont plantés devant la porte de l’unique médecin urgentiste. Près de trois-cent malades, sexes et âges confondus, attendent que «sésame s’ouvre». Une bonne moitié attend son tour, depuis quatre jours. Eprouvettes à la main, trois blouses blanches transpirent à trouver un passage au laboratoire. Dans un coin de la salle réservée à l’accueil et à l’orientation, Dezdeg et ses compagnons n’y trouvent personne. «Faut passer aux grands moyens !», s’invite et invite ses camarades Da Militant.

Aussitôt dit, il sort une banderole noire suivie d’une salve de «Hôpital assassin !». Puisant dans le peu d’énergies qui leur reste et la tonne de colère qu’ils renferment, les malades reprennent, revigorent le slogan de Da Militant. Panique. Le dirlo et le DSP arrivent. Dezdeg refuse de discuter avec eux : «nous voulons voir Boudiaf !». (Re) panique. Trois escadrons antiémeutes sont prêts à charger les malades. «Vous ne nous impressionnez pas ! Honte à vous, vous vous attaquez aux malades !». Le chef du CNS baisse la tête et va voir le dirlo : «où sont ces voyous casseurs dont vous nous avez parlé ?», Le directeur ravale sa langue.

Pendant ce temps et histoire de calmer les esprits, on fait «bruler la chaine» à Sadiya n l’Euro. Une demi-heure après, elle sort accompagnée d’une infermière de chez le médecin urgentiste. «Attendez moi là je vais chercher les résultats de ses analyses» dit-elle à Dezdeg. Elle revient un quart d’heure après avec les documents. Allongée sur une civière, Sadiya est emmenée dans un autre service.

«Quoi, un bloc opératoire ! Son cas est donc grave», s’inquiète Kaci. Sadiya y est admise pendant que ses compagnons sont priés d’attendre dehors.

Portant leurs masques chirurgicaux, un médecin et deux infermières s’apprêtent à anesthésier Sadiya.

– C’est quoi cette histoire ? hurle presque le médecin, en découvrant sa patiente

– Un problème docteur ? l’interroge une infermière

– Un grand problème : elle a l’âge de ma grand-mère votre parturiente !

– Quoi !

Erreur, comme il en arrive hélas souvent, le labo de l’hôpital s’était trompé de document. On avait remis à Sadiya la feuille de route d’une jeune fille enceinte devant accoucher par césarienne.

T.O.A [email protected]

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