Des vacances moroses

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Passer ses vacances dans une région reculée de hautes montagnes, comme Aïn El Hammam, n’est pas une sinécure.

Les éventuels touristes ou les enfants du bled qui s’y rendent pour se ressourcer ont vite fait de se lasser et d’écourter leur séjour. Ils repartent au bout de quelques jours d’ennui qu’ils n’arrivent plus à supporter, comme jadis.

La plupart des vacanciers viennent pour les fêtes de famille auxquelles ils sont conviés. Certains, pour raison d’espace, préfèrent le village à la ville pour organiser le mariage de leurs enfants dans la vieille maison familiale. Pour ceux là aussi, «l’escale de Thadarth» ne dure que le temps des réjouissances. Même les plus nostalgiques se hâtent de rentrer au plutôt.

Il faut dire qu’en dehors des soirées festives avec les incontournables «Tbel» ou le disc-jockey, rien ne vient occuper leurs journées monotones passées entre la ville pour les emplettes et la maison pour dormir. L’air pur de la montagne et l’eau fraîche de la fontaine du village ne suffisent pas à les retenir longtemps. Les distractions auxquelles peuvent aspirer les enfants et leurs parents se limitent aux cafés maures et aux cybercafés. «Ce n’est pas assez pour passer des vacances.

On ne peut pas passer la journée en face d’un micro ordinateur ou à taper sur la table les pièces d’un jeu de domino», explique un jeune algérois déçu de l’absence de loisirs au bled. Même les sempiternels tournois de football, qui permettaient de meubler quelques journées, ne sont plus d’actualité. Les rares excursions, en groupe, vers la plage ne semblent pas intéresser beaucoup de jeunes. Les deux cafés du lieu dit Ahechadh, situés à l’Ouest de la ville de Michelet, de part et d’autre de la RN 71, ne désemplissent pas.

Cette petite agglomération réservée, il y a peu aux seuls habitants de Taourirt Menguellet à laquelle elle est accolée, a pris de l’ampleur, ces derniers temps, pour devenir un lieu de rendez-vous des jeunes et moins jeunes de toute la région. C’est le point de chute inévitable des oisifs qui savent qu’ils y rencontreront des amis venus, eux aussi «tuer» le temps. Des dizaines de voitures se garent sur plusieurs centaines de mètres au point de créer des embouteillages.

Les minuscules terrasses des cafés ne suffisent pas pour contenir tous ces clients venus prendre de l’air. Ils n’ont d’autre choix que de prendre place, dehors à discuter, tout en observant le mouvement des passants et des automobiles jusqu’à la tombée de la nuit. Ils reviendront le lendemain et les autres jours, jusqu’à la fin des vacances qu’ils auront, finalement, passées à chercher à s’ennuyer, le moins possible.

A.O.T.

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