Les cérémonies de reconnaissance des efforts fournis pas les lauréats aux examens de fin d'année scolaire se poursuivent.
Avant-hier, la petite place du village Iâzouzène, sur les hauteurs de Frikat, où a été dressée une tente pour servir de chapiteau à cette réception initiée par le comité de village, a été trop exiguë pour recevoir les villageois venus assister à cet événement, qui est le premier de ce genre.
Non seulement Tajmaât a décidé d’honorer seize lauréats dont six bacheliers, un candidat admis au BEM, et ceux de la 5ème, mais aussi tous les étudiants ayant soutenu dans leurs diverses filières dont un docteur en pharmacie, seront primés au même titre que les trois personnes les plus âgées du village. Cette cérémonie a été rehaussée par la présence du maire, M. Ouali, et de son adjoint, M. Lounici Mourad.
« C’est avec joie que nous recevons nos invités ainsi que cette pépinière de jeunes ayant décroché leurs diplômes. Notre comité veille à ce que notre village ait des cadres à l’avenir. Et la seule façon d’encourager cette catégorie, c’est de faire envers eux ce geste ô combien symbolique. Au lendemain de l’indépendance, nous n’avons aucun enfant du village qui est arrivé à suivre des études au collège, et même pas au primaire.
Au fil du temps, nous avons relevé ce défi. La preuve qu’aujourd’hui, en plus de ceux ayant déjà décroché leurs diplômes, nous avons un docteur en pharmacie. Vous êtes l’avenir de notre pays, de notre commune et de notre wilaya », dira, très ému, M. Hamid Lazouzi en sa qualité de président du comité de village. De son côté le maire n’ira pas par les quatre chemins en exhortant ces bacheliers et les autres à aller de l’avant car le développement d’un pays n’est possible que si son élite est prise en charge. » Nous sommes là pour aider les enfants à aller plus loin dans leurs études.
Ce sont notre fierté », insistera-t-il dans son intervention. Tour à tour, ils ont été appelés sur le podium pour recevoir leurs cadeaux sous un tonnerre d’applaudissements et de youyous. Mais peut-être l’instant le plus solennel est lorsque Belhadj El Badaoui, âgé de plus de quatre-vingt-dix ans est appelé à prendre la parole. « El Hamdoullah, Dieu Merci que notre pays est indépendant.
Qui aurait dit qu’un jour, notre petit village Iâzouzène aurait des étudiants, des enseignants, des cadres dans d’autres domaines? », interrogera-t-il l’assistance. Et de poursuivre dans un kabyle châtié: « c’est un honneur pour moi de prendre la parole et m’adresser à ceux qui ont choisi la voie de la science. J’ai la chance, malgré mon âge avancé d’intervenir devant vous et de voir que notre pays a fait beaucoup d’efforts et de sacrifices pour qu’on soit comme les pays développés. Car, notre génération et les précédentes ont souffert du colonialisme durant plus de 130 ans d’occupation.
Bravo à tout le monde », dira sagement l’intervenant, très applaudi par l’assistance. Deux autres personnes comme Belhadj El Badaoui sont montées, elles aussi, sur la scène pour recevoir des prix symboliques. Ce geste a été apprécié par tout le monde, parce que le comité n’a pas oublié ces personnes du troisième âge. Une collation a été offerte à l’assistance dans une ambiance bon enfant.
Amar Ouramdane

