Le Comité des Fêtes de la ville de Béjaïa s’apprête à lancer, à partir du 17 de ce mois, la treizième édition du Festival de la chanson amazighe de Béjaïa. Cette année, c’est le chanteur kabyle Arezki Bouzid qui sera mis à l’honneur. Le festival se déroulera sur la place du Palmier, en plein centre-ville de Béjaïa.
Il s’agit de l’esplanade jouxtant le siège de la wilaya, là où se trouvait auparavant la grande surface commerciale de la ville. Ainsi, le Festival sera au cœur de la ville pour son animation, contrairement au passé où il se déroulait au stade scolaire à l’abri des regards, le coupant de la vie citadine. Cette année, il sera placé bien au centre pour signifier l’intégration de ce festival dans la vie des bougiotes. De plus, en cette saison estivale, il est de nature à encourager le tourisme et l’économie locaux.
Au fil du temps, il est devenu un passage obligé attendu par tous les amoureux de la chanson amazighe. Selon Malek Bouchebbah, président du Comité des Fêtes de la ville de Béjaïa, le thème choisi cette année est l’apport de la chanson et de la poésie amazighes dans le mouvement national. En effet, cette treizième édition se déroulera en plein durant les festivités marquant le cinquante-neuvième anniversaire du congrès de la Soummam, en même temps que les célébrations du soixantième anniversaire du déclenchement de la Révolution. La symbolique révolutionnaire sera donc pleinement présente.
C’est pour cette raison que le comité d’organisation de ce festival a décidé entre autres, d’honorer le chanteur Arezki Bouzid, qui fut à la fois chanteur, mais aussi membre actif de la Révolution. Celui-ci a activé dans la région de Bourbaâtache, sur les hauteurs d’El Kseur, en tant qu’agent de liaison et d’information, avant de rejoindre les rangs de Fédération de France de FLN, où il a activé dans le groupe de choc. Il a ensuite eu une grande carrière en chantant à la fois la Révolution, l’exil, l’amour,… Aujourd’hui, âgé de quatre-vingt ans, il est temps qu’il reçoive du public bougiote la reconnaissance et l’honneur qui lui sont dus.
L’autre objectif de ce festival, selon Malek Bouchebbah, c’est de promouvoir des jeunes chanteurs venus de plusieurs wilayas de pays. «Plus d’une centaine d’entre eux se sont présentés aux épreuves de sélections qui avaient été organisées fin Juillet dernier», soulignera-t-il. Ils sont venus de Sétif, Bouira, Batna, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Alger, Boumerdès,… Une dizaine d’entre eux a ainsi été sélectionnée et retenue pour se produire durant cette treizième édition du Festival de la chanson Amazighe de Béjaïa. Le public pourra, ainsi, les découvrir surtout que certains d’entre eux ont des qualités artistiques prometteuses.
En plus de ces jeunes, de grandes stars sont prévues pour ce festival. On attend ainsi la venue de Boudjemaa Agraw, les Frères Djemaï, Ali Amrane, Djamila Mansouri de Tamanraset qui va apporter une touche Targuie à ce Festival, Khazmati avec le style M’Zab, Taos Arhab, Rabah Asma, Hassiba Amrouche, Rabah Inaslyen, Zingdah etc… Amour Abdenour se produira avec un orchestre de vingt et un musiciens. C’est ainsi que ce festival promet d’être un véritable moment de joie et de plaisir, faisant découvrir au public bougiote et à ses invités venus de partout, les délices de la chanson amazighe.
La ville qui n’en est pas à sa première, saura recevoir ses invités avec les égards habituels de cette population si accueillante et si ouverte. Il serait aussi souhaitable que la Radio Soummam et pourquoi pas aussi les chaînes deux et trois de la radio nationale puissent transmettre des soirées en direct. La chanson amazighe est de dimension nationale et même internationale, puisque les amazighs se trouvent dans tous les pays d’Afrique du Nord et même dans l’émigration en Europe et au-delà. On sait par exemple que notre émigration canadienne et moyen orientale, suivent les radios nationales via Internet.
Du dix-sept au vingt et un Août, les amazighs auront leur treizième Festival, entièrement produit et financé par le Comité des Fêtes de la ville de Béjaïa. Il est curieux que les sponsors ne se soient pas déclarés et que les patronages habituels des ministères, notamment celui de la Culture, mais aussi des institutions publiques, ne se soient pas engagés autour de cet événement qui a besoin d’être accompagné par des moyens conséquents pour l’institutionnaliser de façon claire et officielle.
L’intégration de la chanson amazighe par les échanges entre les régions nationales et même maghrébines nécessiterait l’engagement plein et entier de l’État. C’est une fierté de voir que les différentes composantes de la culture berbère de toutes les régions se rassemblent à Béjaïa pour donner au public l’occasion de découvrir des pans entiers de leur culture qui restent confinées dans des endroits difficilement accessibles au public, autrement qu’au travers de ce genre de festivals.
N. Si Yani