La gare routière Ali-Mohamed Aigoun de Bouira se dégrade à vue d’œil. Quatre ans après son inauguration par l’ex-ministre des transports, M. Amar Tou, cette station de voyageurs s’est transformée en un véritable dépotoir à ciel ouvert, où les immondices de toutes sortes jonchent le sol.
Les arrêts de bus sont livrés à la dégradation, les sanitaires se trouvent dans un état d’insalubrité des plus inquiétants et les chiens errants «flânent» en toute tranquillité. Bref, cette gare routière ressemble à tout sauf à une station de voyageurs digne de ce nom.
Pourtant, cette agence, lors de son inauguration en 2011, donnait l’impression d’être un véritable «bijou», en matière architecturale. S’étendant sur une superficie totale estimée à 21 300 M²,; dont 1 290 M² de surface bâtie, offrant plus de 15 quais d’arrêts de bus et une surface destinée aux opérateurs (transporteurs), plus d’une centaine entre grandes lignes (13) et moyennes lignes (88) et plus d’une demi-douzaine de locaux commerciaux. Cette agence, malgré son exiguïté avait tout d’une grande et promise à un bel avenir.
Mais au fil des années, cette structure s’est largement dégradée. De l’avis de nombreux voyageurs interrogés, la gare routière Ali-Mohamed Aigoun de Bouira est loin de répondre aux normes de confort et de salubrité mondialement reconnues. «Et on ose appeler cela une gare routière ! C’est indécent !», lancera Djamel, un citoyen originaire de la commune d’Aghbalou, croisé aux abords de cette agence. Il est vrai que les sachets en plastique, les mégots de tabac et autres paquets de chips s’entassent allègrement aux coins et recoins de cette structure.
À certains endroits, on retrouve des déjections canines, laissées par les chiens errants qui pullulent à l’intérieur même de cette gare. A ce propos, Mouloud, un jeune ingénieur en agronomie, travaillant pour une entreprise étatique, dira : «Je trouve que c’est du gâchis d’avoir édifié une telle structure et ne pas l’entretenir convenablement. J’étais encore étudiant au moment de son inauguration et à l’époque, j’étais vraiment fier de dire à mes amis que nous avons une gare routière de haut standing à Bouira. Aujourd’hui, je ne dirais pas la même chose. C’est honteux !», a-t-il assené. À l’intérieur, la situation n’est guère meilleure.
C’est l’anarchie la plus totale ! Certains bancs sont littéralement en morceaux, d’autres ne tiennent plus qu’à un fil, sans parler des commodités de base qui font défaut. Parmi ces dernières, on citera les sanitaires, qui sont mal entretenues et en proie à une dégradation tout azimut. Même les locaux commerciaux, notamment des KMS et autres fast-food, exercent dans des conditions peu favorables. L’accès gratuit au Wifi, promis par le DG de Sogral, est absent au niveau de la gare routière de Bouira, pourtant déjà disponible au niveau de 12 stations de bus comme Alger, Jijel, Ain Témouchent, Béchar, Mostaganem, Tamanrasset, Tindouf, etc.
Comparativement à d’autres gares routières du pays, telles celle de Béjaïa ou Bourmerdrès, celle de Bouira reste relativement à la traîne. Mais au fait, à qui incombe la responsabilité de la gestion et la prise en charge de cette gare routière ? Et bien, elle dépend, tout comme l’ensemble des gares routières du pays, de la société d’exploitation et de gestion des gares routières d’Alger, (Sogral). Et c’est bien là que le bât blesse. Les responsables locaux de cette société donnent l’impression au vu du constat établi, d’avoir carrément «abandonné» la gare routière de Bouira.
Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, nous avons tenté de prendre attache avec le directeur local de Sogral, mais sa secrétaire nous a indiqué que «toute communication doit passer par la direction centrale», avant de nous donner les coordonnées de la direction générale de Sogral. Après de multiples tentatives visant à contacter le service de communication de ladite société une standardiste nous a répondu que la chargée de communication et son adjoint sont tous les deux en congés, sans nous mettre en contact avec un responsable habilité à s’exprimer sur le sujet.
À l’évidence, la communication de Sogral, aussi bien au niveau local que central, est pour le moins que l’on puisse dire, assez hermétique. En tout état de cause, la gestion de cette société du moins au niveau de la gare routière de Bouira, laisse vraiment à désirer.
Ramdane Bourahla

