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«Le congrès de la Soummam n’est pas le fruit du hasard»

Dans le cadre de la célébration du 59e anniversaire de la tenue du congrès de la Soummam, le 20 août 1956, la maison de jeunes Malek Bouguermouh d’Ouzellaguen a abrité ce mercredi deux conférences animées par l’historien Amar Mohand Amer et l’ancien commandant de l’ALN et membre fondateur du FFS, Lakhdar Bouragaa.

Les cadres du vieux parti de l’opposition, le FFS, ont tenu à commémorer cette date historique du 20 août pour rappeler, haut et fort, l’importance de la tenue du congrès de la Soummam et tout ce qui en découle par la suite, au-delà de la rencontre politique, de facto visant à maintenir la flamme du militantisme et maintenir en état de veille les principes fondamentaux d’un parti ayant de tout temps œuvré pour la démocratie et la liberté. Organisé au niveau de la salle des conférences de la maison de jeunes, l’événement a drainé bon nombre de partisans et de curieux qui ont répondu à l’appel du parti d’Ait Ahmed. La salle s’est remplie peu à peu pour laisser place aux deux conférenciers qui n’ont pas tari d’éloges à l’égard d’une région qui a tout donné pour l’indépendance de l’Algérie.

Le moudjahid et militant de longue date du FFS, Lakhdar Bouragaa, a rappelé à l’assistance l’étendue d’un congrès ayant structuré et relancé sur les rails la révolution algérienne. «Le congrès de la Soummam n’est pas le fruit du hasard. Tout a été murement réfléchi afin de convaincre les Algériens d’adhérer massivement à cette cause noble qu’est l’indépendance de l’Algérie», rappelle le conférencier. Et d’ajouter : «Aux premières lueurs de la révolution algérienne, rares étaient ceux qui avaient rejoint le maquis en novembre 1954». Dans le même sillage, l’ancien commandant de la wilaya IV n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour pourfendre tous ceux qui ont trahi cette Algérie en devenir, et d’insister sur la nécessité de sauvegarder l’unité nationale, en sus en péril.

Toutefois, le conférencier s’est longuement attelé à tirer au clair la primordialité d’acter cette opportunité de la reconstruction d’un consensus national, et ce, en brassant encore plus large au sein de la population et redonner la confiance, laquelle est mise en danger par des tentatives de semer la pagaille au sein de la société algérienne.

Amar Mohand Amer, docteur en histoire, maître de recherche au centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), division socio-anthropologie de l’histoire et de la mémoire, HsitMem, a voulu donner une dimension scientifique et académique à ce 59e anniversaire de la tenue du congrès de la Soummam. L’historien a braqué les projecteurs sur les acteurs ayant contribué à la réussite dudit congrès et les répercussions positives sur la suite du combat.

«Cette page décisive de l’histoire doit être éclairée et clarifiée afin de permettre à la nouvelle génération de connaître son histoire, sa vraie histoire», prône Amar Mohand Amer. Les travaux de recherche du docteur sur l’Algérie postindépendance ne sont pas en reste dans cette conférence, d’autant plus que le conférencier a dépoussiéré une période charnière de l’Algérie. «Les débuts de l’indépendance ressemblent plus à une lutte de factions et à des règlements de compte sans merci qu’à un rassemblement unitaire, comme si personne ne s’était préparé à ce moment historique», conclut-il.

L’assistance a littéralement bu les propos des deux conférenciers, lesquels ont tenté un tant soit peu de démythifier tout ce qui a été assené jusque-là sur cette période historique de l’Algérie sur laquelle les historiens ne se sont pas attardés, notamment sur ce qui fait le charme de l’Histoire en l’occurrence.

Le consensus national encore et toujours

Alors que toutes les formations politiques et le mouvement associatif se sont limités, dans le cadre de la commémoration du 59ème anniversaire du congrès de la Soummam, au recueillement à la mémoire des martyrs et au dépôt de gerbes de fleurs au mémorial d’Ifri, le FFS, fort d’une importante délégation de la direction nationale, s’est distingué avec la prise de parole, dans la matinée, de son premier secrétaire.

À partir d’Ifri, Mohamed Nebbou rappelle l’une des décisions du congrès de la Soummam qui donne la primauté au politique sur le militaire. «Un principe qui aurait son importance au jour d’aujourd’hui», soulignera l’orateur. Il argumentera en disant que l’armée reste organisée dans un cadre bien précis et les institutions un rempart contre les dépassements, dans un état de droit, comme il ne peut y avoir d’interdits. Il reviendra sur le projet de consensus auquel ne cesse d’appeler son parti.

D’ailleurs il soulignera que le défi politique et démocratique de construction d’un état de droit ne peut se faire qu’à travers le consensus national auquel appelle le FFS. «Cet Etat de droit, nous l’arracherons dans l’unité et la construction du consensus national et d’ailleurs, c’est de cette manière que les algériens ont vaincu le colonialisme.

Cet Etat de droit nous le voulons dans le prolongement de celui consacré par le congrès de la Soummam, à savoir celui d’un état moderne fondé sur la primauté du politique sur le militaire», déclarera-t-il. Il conclura en disant que le FFS fera des préparatifs de la célébration du 60ème anniversaire du congrès de la Soummam, le 20 août de l’an prochain, un thème important de ses activités tout au long de l’année.

Au début de son intervention, le premier secrétaire du FFS avait tenu à rendre hommage aux moudjahidine, acteurs et témoins de la guerre de libération qui ont permis aux générations actuelles de vivre indépendantes. Il rendra également hommage aux historiens, universitaires et hommes de savoir qui ne cessent d’œuvrer pour une connaissance de l’histoire et de la liberté des uns et des autres.

Il est utile de rappeler qu’avant cette prise de parole, les responsables du FFS, accompagnés des militants, se sont recueillis à la mémoire des martyrs de la révolution alors que la veille, le parti avait organisé à la maison de jeunes d’Ouzellaguen, une conférence autour du congrès de la Soummam qu’a animée Lakhdar Bouragaa, Commandant de la wilaya 4 et membre fondateur du FFS, conjointement avec Amar Mohand-Amer, Historien et chercheur.

Bachir Djaider/ A. Gana

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