Le directeur du Théâtre Régional Malek Bouguermouh de Béjaïa vient d’accéder officiellement au statut de retraité.
C’est ce que nous a affirmé le concerné jeudi dernier, en marge de la cérémonie d’ouverture du Festival du théâtre amateur d’Amizour. Ainsi, après une longue carrière dans le monde de la culture et de l’art dramatique, Omar Fatmouche est parti en retraite. Son passage au TRB n’est pas passé inaperçu, et nous parions que son empreinte restera encore longtemps dans cette ville et dans le monde des arts dramatiques. Auteur dramaturge, metteur en scène à la réputation nationale et internationale, il aura passé onze années à la tête du TRB qu’il a complètement rénové et transformé. Son parcours est jalonné par plusieurs dizaines de pièces jouées à Béjaïa et ailleurs. Né durant la guerre de Libération nationale à Bordj Ménaiel, il rejoint la troupe Kateb Yacine en 1973 où il apprendra, dans un cadre sérieux et rigoureux, les ficelles du théâtre. Parallèlement à ses études de futur enseignant, aussi bien à l’ITE de Tizi-Ouzou qu’à la Faculté d’Alger, il a continué à fréquenter les planches pour satisfaire son ardent désir de faire du théâtre, ce qui est sa vraie vocation. Dès les années quatre-vingt-dix, il se fait un nom à l’échelle international en devenant le président pour la section Algérie de l’Institut International pour le Théâtre en Méditerranée. En 1987, il réalisera pour la première fois une pièce pour le théâtre de Béjaïa. Année après année, pièce après pièce, il sera primé et récompensé aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Maintenant qu’il commence à prendre du recul, il garde quand même deux grands souvenirs du Théâtre Régional de Béjaïa. Grâce aux efforts de tous, et sous sa direction, le TRB est devenu l’un des meilleurs, sinon le meilleur théâtre en Algérie. De plus, ce théâtre est devenu l’emblème international du théâtre algérien, puisqu’il accueille, chaque année, le Festival international de Béjaïa, dont il est et restera encore le commissaire. Cette retraite n’est qu’administrative. Elle concerne son poste à la direction du TRB, et non son engagement dans le monde artistique. Un regret cependant dont il faut parler : Omar Fatmouche sait que l’actuel Théâtre de Béjaïa se fait vieux et est dépassé par la demande d’un public de plus en plus nombreux. Sa capacité d’accueil ne dépassant pas les quatre cents places, le service de sécurité se voit fréquemment obligé de repousser les spectateurs venus trop nombreux par rapport à sa capacité d’accueil. Il aurait souhaité que Béjaïa, ville d’art et de culture, obtienne la construction d’un nouvel édifice pouvant accueillir au moins mille deux cents places, avec tous les équipements qu’il faut. La ville mérite bien cela, et le public bougiote est friand de culture et encourage toute initiative artistique. Omar Fatmouche quitte donc la direction du TRB, alors que ce dernier n’a pas encore trouvé son nouveau directeur. L’intérim devient du ressort de la Direction de la culture qui devra gérer les affaires courantes jusqu’à la désignation d’un nouveau responsable. Il est à espérer qu’il soit issu du monde du théâtre, ou du moins de la culture, avec une expérience dans le monde théâtral, et que le ministère de la Culture ne balance pas n’importe qui, qui ferait prendre à l’institution le risque de voire détruite l’œuvre de plus d’une décennie de travail. D’ores et déjà un nom circule dans le microcosme culturel de la ville, mais le dernier mot reviendra au ministère de la Culture. Souhaitons à Omar Fatmouche une bonne retraite, sachant qu’il continuera encore à activer longtemps au service des arts dramatiques en Algérie et ailleurs ; et veillons attentivement à l’arrivée du nouveau directeur, dont la venue ne devrait pas tarder.
N. Si Yani