Réalisé il y a plus d’une soixantaine d’années, le petit port de l’ex-Courbet peine à se développer. «C’est l’habitude qui nous maintient dans cette activité à risques, tant sur le plan sanitaire que financier», a témoigné un pêcheur rencontré dans la soirée d’avant hier sur le quai de cette enceinte portuaire. Comme ses confrères dans cette contrée, à l’exception sans doute des propriétaires de gros bateaux, il est constamment exaspéré par les énormes difficultés rencontrées dans le métier. Jouissant d’un emplacement idéal, à l’extrémité Ouest du village de l’ex-Courbet, loin du bruit des visiteurs et des citadins, pas seulement en été cette infrastructure portuaire est réputée pour son calme. Mais elle souffre terriblement du manque de commodités et d’assainissement. Elle ne bénéficie même pas de l’éclairage, elle est pourtant constamment encombrée d’embarcations. Grands et petits bateaux s’y tiennent amarrés, attendant chacun son tour pour entreprendre la sortie en mer. Une partie de la flottille, notamment les sardiniers, au nombre de 70, rentre entre 20h et 22h, après plusieurs heures, à moins d’une dizaine de kms du rivage. L’autre partie, composée de sept chalutiers, s’en éloigne souvent, pour pêcher au large le poisson blanc et la crevette. Et «les petits pêcheurs, préalablement avertis, n’auront leur part financière que si la sortie en mer est fructueuse», nous a-t-on confié. Les patrons pêcheurs estiment que la réalisation d’une halle à marrées n’est guerre prioritaire, puisque les produits de la mer se vendent rapidement sur le quai, dès leur déchargement du bateau. Ils réclament d’urgence le nettoyage régulier du bassin de l’enceinte portuaire et une opération de réaménagement de la jetée, qui les empêche actuellement de prendre la mer en cas de vents violents. Soulevé depuis près d’une trentaine d’années par la corporation locale des marins pêcheurs, qui se rappellent la mort tragique de sept membres d’un sardinier en 1986, ce problème n’est pas encore définitivement réglé nous ont-ils encore expliqué. Et ils n’omettront pas de signaler, de surcroît, les malfaçons d’une entreprise étrangère à laquelle le ministère de tutelle avait confié le projet d’extension et de réaménagement des brise-lames de ce petit port. «Personne ne peut nier que cette enceinte portuaire est en détresse, puisqu’elle ne dispose même pas d’installation sanitaire», s’indignent-ils. Mais ils demeurent décidés, en dépit des souffrances endurées, à ne jamais tourner le dos à la mer. Quand à la population, elle doit comprendre que le prix du poisson ne baisse, comme ce fut le cas ces derniers mois, que lorsque sa production est abondante, concluront-ils, en espérant redonner à leur village côtier son lustre d’antan, en réalisant des conserveries des crustacés hautement appréciés de cette région maritime.
Salim Haddou