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Les écoles parallèles pullulent

Tolérées dans les faits jusqu'à l'heure actuelle par le ministère de tutelle, les écoles parallèles ne cessent de proliférer notamment dans les villes.

Il s’agit en réalité de cours de soutien payants, généralement assurés par des professeurs ou instituteurs, soit dans leurs propres domiciles, soit au rez-de-chaussée d’un immeuble, soit dans un garage ou dans un local d’une quelconque association et même dans un café du coin. Mais quelque soit l’endroit ou elles s’opèrent, ces prestations ne sont acceptées que lorsque les apprenants croient à leur efficacité. Près de 60% des élèves avaient opté pour ce genre de prestations l’année dernière, selon certaines estimations et l’on pense que ce pourcentage ira crescendo dans les années à venir. Déjà les inscriptions pour ces cours payants ont commencé tant à Boumerdès que dans d’autres grandes villes du pays. Délaissant dès la première semaine le lycée, de nombreux élèves suivent assidument leurs cours ailleurs. Dans toutes les classes de terminale, le nombre des absents est quotidiennement effrayant à telle enseigne que le minuscule espace réservé aux absents dans la feuille journalière de l’appariteur est maintenant utilisée pour l’inscription des présents.  » L’année dernière et ce durant plusieurs mois, je n’avais quotidiennement dans chacune de mes classes, y compris celle littéraire, que cinq en moyenne  », a témoigné un professeur de philosophie. L’on s’interroge, à juste titre, sur les raisons de cette prolifération de ce genre de prestations scolaires, d’autant que les scolarisés, notamment les candidats aux examens, disposent surtout dans ces établissements de zone urbaine de professeurs expérimentés et de supports pédagogiques nécessaires, en plus des espaces de loisirs. Pour les adeptes de ces cours payants, quelque soit l’endroit où ceux-ci sont prodigués, l’enseignant y est plus engagé d’autant plus qu’il aimerait toujours se faire de la publicité en obtenant un meilleur taux de réussite. Les élèves et leurs parents citent, pour le centre urbain de Boumerdès, les cas de deux professeurs de physique et de mathématiques qui avaient ouvert leurs locaux, depuis le mois d’août dernier, pour des cours de soutien payants. «Ce serait difficile, en ce début du mois de septembre, de trouver une place chez eux, bien qu’ils enseignent jusqu’à 22h  », noteront deux lauréates du bac sciences-2015. D’autres élèves citeront ces professeurs de comptabilité et de gestion axant directement leur travail sur des sujets d’examen et dont le nombre d’élèves par classe peut dépasser la cinquantaine et dont certains d’entre eux resteront debout parfois tout le long de la séance. Et chose révoltante, l’on s’était même inscrit, l’année dernière, chez un professeur de charria ayant proposé des cours de langue arabe et de philosophie à de nombreux élèves crédules.  » Cette année, il s’autoproclamera aussi professeur de maths ou de physique  », a commenté une enseignante d’espagnol du lycée des frères Draoui de Boumerdès. Très expérimentée, celle-ci refuse de s’adonner à ces cours parallèles, bien qu’elle ne soit pas de famille aisée.  » Je n’ai aucun absent dans ma classe et chaque année les candidats au bac obtiennent des notes excellentes dans cette matière  », attestera-t-elle en précisant qu’elle est toujours prête, au lycée, d’assurer des cours de soutien gratuits à ses élèves. Et selon elle, l’inscription à ces cours payants, en grand nombre, ne relève que d’un effet de mode.

Salim Haddou

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