Mohamed Aïssa, l’un des rares ministres « temporels » aux commandes du ministère des Affaires religieuses et des wakfs, a été, avant-hier, en visite dans six communes de la wilaya de Bouira.
À Lakhdaria, première étape de son périple, le ministre a inauguré l’école coranique accueillie par la mosquée Malek Benabi. Dans les communes d’Aïn Bessem et Sour El-Ghozlane, il prendra le pouls du projet de deux autres écoles coraniques en chantier. Ouvrons une parenthèse à propos de ces écoles coraniques, qui jusqu’à un certain temps étaient livrées à des profils incontrôlés et donc sujettes à des détournements sectaires, pour souligner que le ministère des Wakfs (en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale) avait soumis les écoles à l’obligation des programmes retenus par le ministère de l’Éducation. L’incontournable zaouïa Cheikh Belamouri, dans la commune de Geult Zerga, a accueilli le ministre qui dira au micro de la radio de Bouira que la zaouïa est le «référent de l’authenticité» et d’ouverture sur la société. Ce qui, en d’autres termes, veut dire que ces zaouïas ancestrales sont un rempart évident aux sectes génératrices du péril vert. Déjà alors qu’il était inspecteur général au ministère des Affaires religieuses, Mohamed Aissa avait tiré la sonnette d’alarme au sujet de la prolifération des sectes. Il avait dit sur les ondes de la radio nationale chaine III : «Ces sectes se démultiplient, elles se réorganisent. Le ministère des Affaires religieuses doit prendre ses précautions, parce que toutes ces tendances ont leurs sources à l’étranger, dans des pays qui ne sont pas obligatoirement amis de l’Algérie. Elles (les sectes) se manifestent dans les campus universitaires, les Moussala (salle de prière), les entreprises, les sous-sols des quartiers et les garages érigés pour l’apprentissage de langues et pour les cours de rattrapages». Toujours à propos de ces sectes et leur démarche takfiriste, le ministre avait souligné dans un entretien accordé à TSA en juin 2015 : «La mouvance (takfiriste) vise à substituer un système sociétal par un autre en reniant notre référent religieux national. Nous constatons des interconnexions entre le commerce informel et ces nouveaux prédicateurs et même le travail de sape sur certains médias. Nous avons le sentiment que c’est un travail coordonné. Nous sommes parfois destinataires de supports (fichiers, vidéos, documents, NDLR) envoyés par les parents de jeunes fidèles. Et dans ces supports, nous observons que l’orientation vient d’ailleurs.» De retour à Bouira, après l’inspection du centre culturel islamique, le ministre répondra aux questions de la radio locale dont à savoir, «où en est le moufti de la République ?», question de la radio locale. Le ministre corrige le concept et dira qu’il s’agit en fait d’une institution de consultation qui doit être républicaine. «L’instance doit également être pluridisciplinaire avec des médecins, des astronomes… Elle sera constituée de personnes nommées d’office, dont 50 imams mouftis des 48 wilayas. Ces cinquante membres seront soumis à une formation pointue. L’instance n’aura pas de chef à vie. Il sera désigné pour une durée déterminée. Elle ne donnera pas l’avis de son responsable mais un avis collégial», dira-t-il.
S.O.A.