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La souffrance au quotidien

Implanté sur une colline en haute montagne, du côté sud-ouest de Lala Khadidja, le village Ath Hammad, dans la commune de Saharidj est couvert de brumes trois saisons sur quatre, un panorama qui ne diffère en rien de la région de la Haute Normandie où se trouve la plupart des châteaux. Village martyr pour cause de sa position stratégique qui attirait l’attention des officiers militaires français, qui décidèrent d’y implanter un poste avancé, à “Vou aâmar”, ce qui n’a pas empêché nos fidayins de lancer plusieurs offensives causant des pertes considérables à l’occupant. Non loin de là, au lieudit “thissighit”, tombait au champ d’honneur le colonel Si Salah Zamoum en 1957, après un violent accrochage avec les troupes du général Bigeard qui avaient l’avantage aérien. Ce village, qui existait depuis la nuit des temps, a toujours vécu et vit encore grâce à l’agriculture et à l’élevage ; c’est l’un des plus pauvres villages de la daïra de M’chedallah, mais leur précarité est vécue avec cette fierté propre aux montagnards, c’est l’un des rares villages qui a créé moins de problèmes aux autorités, se contentant du strict minimum. Elevés à la dure, ils s’interdisent toute lamentation “zaouali oua fhel”, telle est leur devise. La tranquillité et le caractère pacifique de ces villageois ne doivent pas faire d’eux des laissés-pour-compte ; le chômage qui règne en maître absolu des lieux doit être pris en considération, car en cas de débordements causés par le ras-le-bol, ces montagnards se métamorphosent et deviennent carrément intraitables, ils l’ont prouvé par le passé “Avis aux autorités concernées”. Si la majorité des habitants d’Ath Hammad s’accroche désespérément à l’activité agropastorale, c’est à cause de l’éloignement : il est pratiquement impossible d’aller travailler ailleurs et rentrer chaque soir chez-soi. Etre un bon salarié, c’est émigrer dans d’autres lieux. Pour travailler, il faut prendre un véhicule public et les frais de transport, qui absorberaient 50% du gain. La misère de ces citoyens peut être allégée par l’octroi du maximum d’aides dans le cadre du filet social, c’est un village où l’Etat doit intervenir. A titre d’orientation, ce village offre toutes les commodités et les conditions pour l’implantation des sites touristiques ainsi que les possibilités de valorisation de l’agriculture de montagne. Pour cette dernière, la moitié du travail est déjà fait avec la réalisation de nombreuses pistes ouvertes en divers endroits et qui ne demandent qu’à être exploitées.

Omar Soualah

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