Dans une déclaration rendue publique hier et dont une copie nous a été remise, les patriotes de la wilaya de Bouira, constitués en coordination de wilaya qui regroupe également des éléments des groupes de légitime défense (G.L.D), interpellent une nouvelle fois les hautes autorités du pays, à leur tête le président de la République, afin d’agir et de prendre en considération leurs revendications.
Ils se sentent «délaissés et manquent de reconnaissance, aussi bien symbolique que matérielle de la part des pouvoirs publics». Ils réitèrent ainsi l’appel pour «une reconsidération immédiate et une reconnaissance solennelle de leur combat et leur sacrifice pour la sauvegarde de la République algérienne ainsi que leur engagement dans la lutte contre le terrorisme durant la décennie noire». Les patriotes de la wilaya de Bouira rappellent aussi, dans leur missive, les années de lutte aux côtés de l’ANP contre le terrorisme armé durant la décennie noire. «La violence qui a caractérisé cette période est telle qu’aujourd’hui encore, nous subissons toujours les retombées néfastes tant sur le plan psychologique, social, économique que politique. En effet, ayant sacrifié notre temps, nos moyens, nos familles et, parfois, nos carrières professionnelles dans le cadre de la lutte antiterroriste, nombre d’entre nous vivent aujourd’hui dans des conditions familiales et sociales très difficiles, voire pénibles. Le manque de reconnaissance, même symbolique, est venu intensifier davantage le sentiment d’abandon dans lequel nous vivons», lit-on dans la déclaration. «Nous avons décidé de prendre notre destin en main, en nous organisant dans le cadre d’une association nationale pour revendiquer nos droits à une reconnaissance et à une pension de retraite», ajoutent les rédacteurs du même document qui soulignent, par ailleurs, que «les pouvoirs publics ont réagi positivement à nos revendications, notamment celles d’ordre matériel, dans le cadre de la loi n°13-08 du 30 décembre 2013 portant loi de finances pour 2014 dont l’article 77 stipule que les citoyens volontaires ayant participé aux cotés de l’Armée nationale populaire à la lutte contre la subversion et le terrorisme, postérieurement à 1992, conformément à la réglementation en vigueur, ouvrent droit à une pension de retraite proportionnelle exceptionnelle et au rachat, sur le budget de l’Etat, des cotisations de sécurité sociale et de retraite». Cependant, est-il précisé dans le même texte, en plus de la non-prise en charge de la dimension symbolique de la question qui demeure d’une pertinence indéniable pour nos patriotes, après plusieurs mois d’attente, «cette décision n’a été suivie d’aucun effet, ce qui n’a pas été expliqué au demeurant, alors que la situation de bon nombre de patriotes se dégrade davantage tandis que le sentiment d’abandon et d’injustice gagne les esprits». Ils demandent, entre autres, la revalorisation des pensions des blessés et réclament un statut et une reconnaissance officielle, ainsi que l’indemnisation des années du terrorisme. «Nous dénonçons avec vigueur le mutisme et l’indifférence totale affichés par les pouvoirs publics à l’égard de cette frange de la société qui n’a pas hésité un seul instant à choisir son camp au moment où les fondements de l’Etat républicain étaient fortement menacés», nous dira M. Hamdi Samir, porte-parole de la coordination de la wilaya de Bouira. «Depuis le sit-in organisé en avril 2011 à la place des Martyrs à Alger, nous avons adressé plusieurs correspondances aux institutions de l’Etat et organisé plusieurs actions de protestation, notamment ici à Bouira, malheureusement, et malgré les promesses reçues, aucun signe d’encouragement n’a été enregistré à ce jour», déplore notre interlocuteur. Selon les membres de la même coordination, les patriotes n’ont pas perçu leurs salaires depuis plusieurs années. «C’est vraiment la galère pour nous qui nous retrouvons, aujourd’hui, carrément oubliés par les pouvoirs publics. Il y a parmi nous des malades et des blessés qui subsistent grâce à une pension dérisoire, alors qu’ils ont pris les armes pour sauver le pays dans les moments difficiles», clame un patriote de la commune de Lakhdaria, une région qui a vraiment souffert des affres des groupes armés, notamment durant les premières années du terrorisme.
O. K.