Nouveau record pour l’euro

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L’euro a enregistré, ces derniers jours, un nouveau record sur le marché parallèle du change de la wilaya de Béjaïa. La devise européenne vaut 161 dinars dans ces bourses informelles, tacitement autorisées par les pouvoirs publics.

C’est le plus haut niveau de la monnaie européenne jamais égalé depuis son entrée en vigueur en janvier 2002. De par sa nature même de marché informel, cette bourse n’obéit certes pas à des paramètres économiques facilement quantifiables. Cependant, ce marché noir réagit instantanément aux anticipations des opérateurs économiques et des personnes physiques qui interviennent dans les opérations de vente et d’achat de l’euro. Et puis, bien des spécialistes vous le diront, la devise n’évolue en surcote ou en décote, qu’en réaction à la sacro-sainte règle de l’offre et de la demande. L’existence même de ce marché parallèle actif, n’étant à la base qu’une réaction naturelle à l’absence d’une offre officielle en devise en suffisance. Les quelques «courtiers» interrogés le confirment, même s’ils ne donnent pas tous la même explication. Chacun y va de sa grille de lecture et de son interprétation. Un cambiste d’El Kseur voit à l’origine de cette ruée inédite sur la devise «une perte de confiance en la monnaie locale et l’incertitude qui pèse sur l’avenir de l’économie nationale». Pour le gérant d’un bureau de change installé à Akbou, «la forte demande est soutenue par les barons de l’importation et les investisseurs qui achètent des biens immobiliers à l’étrangers». Mais pas seulement, car, analyse-t-il, «même les citoyens qui s’alimentent en devise dans ce marché informel, pour financer des soins ou des études à l’étranger par exemple, dopent la demande et participent du même coup à la fluctuation à la hausse des cours». À la question de savoir quel est le profil de sa clientèle, le même cambiste s’est voulu circonspect. «Je vend chaque jour des sommes astronomiques à des clients de tous horizons, sans toutefois oser leur demander à quelles fins ils font ces achats. Mais il semble que beaucoup versent dans le transfert illicite», dira-t-il. Plus tranché un expert de la finance de Tazmalt s’est dit convaincu que cette tension sur la devise européenne est, en partie, la résultante d’une fuite organisée de capitaux et du blanchiment d’argent. «C’est un phénomène qui se sustente du climat d’incertitude politique, lequel induit une panique auprès des investisseurs ayant amassé des fortunes dans des conditions douteuses, pour ne pas dire dans la corruption», explique-t-il, non sans conjecturer sur la poursuite de cette tendance.

Nacer Maouche

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