Les espoirs printaniers d’Avril 80 en bandoulières, Nacer Haniche se fondra dans l’ouverture démocratique pour prolonger son combat dans un parti républicain. Et c’est tout naturellement que ses convictions de républicain déterminé le conduisent dans le monde de la presse des années 90. Ces années-là sa plume s’opposait à l’intégrisme. Elle n’avait pas d’encre pour d’autres coquetteries. Le fondamental pour lui et la poignée de correspondants de presse essaimant les territoires «piégés» de Bouira était de sauver les fondements de la République. La «Menace», c’est ainsi que le surnommait affectueusement ses confrères, y mettra tout son courage, car il en fallait beaucoup en ces temps de «sauve qui peut». Repoussés dans leurs derniers retranchements, l’intégrisme et son corollaire le terrorisme deviennent résiduels. La plume de Nacer connaîtra un répit, mais ne s’arrêtera pas pour autant. Elle se mettra au service du faible, du sans voix, du développement local et dénoncera le train qui n’arrive pas à l’heure au quai de Bouira. Nacer ce n’était pas seulement un correspondant de presse, c’était aussi un brillant enseignant des sciences physiques. Il réussira une synergie extraordinaire avec ses élèves. Il n’était pas de ces enseignants formatés par cette fiche technique jusqu’à perdre leur assurance sans leurs porte-documents. Pour lui, l’élève est une matière vivante et est surtout un citoyen. Avoir conscience de cela, c’est être déjà en avance sur le ministère de l’Enseignement. Nacer était tellement en avance qu’il avait poussé son activité pédagogique en dehors de l’estrade. Alors que les nouvelles technologies n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui, il se met à construire un site électronique interactif de sciences physiques destiné aux élèves. Son projet n’aboutira pas comme il le voulait, mais il réussit tout de même à mettre sur pied un blog. Il y serait certainement parvenu aujourd’hui, si son cœur n’avait pas lâché ce triste 25 juillet 2011.
Avant-hier, c’était la Journée nationale de la presse. S’il était parmi nous, Nacer nous aurait certainement servi un petit commentaire tranchant. Le connaissant, lui, le mordu de Mohia, aurait lâché quelque chose du genre «P’tits four akked d lgazuz, anw akka i izewjen ? (petits fours et limonades ! Qui s’est marié ?». Oui, Nacer Haniche n’était pas une carte de presse, un badge ambulant en quête d’un pot de miel pour y tromper sa plume. Il était tout simplement un citoyen, un correspondant de presse honnête.
T. Ould Amar

