Plus qu’El Mawlid En Nabaoui, Thaâchourth est l’une des fêtes religieuses célébrées avec faste dans les régions de haute montagne.
Personne ne travaille ce jour-là réservé aux visites des saints de la région, où l’affluence est fort nombreuse, par ailleurs. Ce sont pour la plupart des femmes, vêtues de leurs plus beaux atours, qui profitent de l’occasion pour se défouler, marcher et rencontrer leurs amies qu’elles n’ont pas vues depuis longtemps. Chacune a ses préférences et vante ses mérites. C’est l’occasion de ressortir tous les potins et les «prouesses» de tel ou tel «Mqam» de la région. Les va et vient n’ont pas cessé de la journée. Le beau temps, après plusieurs jours de pluie, était au rendez-vous pour encourager les sorties. L’habitude étant une seconde nature, les habituées des «ziaras», de tous âges, n’ont pas dérogé à la tradition. Il n’est pas question de rater cette journée. La fête se déroule aux quatre coins de la daïra et même au-delà. Les affiches, collées sur les murs de la ville, invitent les habitants à se rendre à Sidi Zegane au village de Boudafal, à la Zaouaïa de Sidi Ali Outaleb à Koukou, dans la commune d’Aït Yahia, et ailleurs dans la plupart des Aarchs. Sans tambour, ni appel aux visiteurs, Djeddi Menguellet continue d’attirer la grande foule de pèlerins qui, semble-t-il, y trouvent un soulagement à de multiples entraves de la vie quotidienne. Il réussit, disent certains, «là où la médecine a échoué». Ils y viennent en réalité après avoir consulté tous les spécialistes de la médecine moderne. À titre d’exemple, on raconte que des femmes stériles arrivent à concevoir après une visite à la kouba du Saint, où elles s’essuient le visage quelques secondes avec une étoffe (appelée R’dha), posée sur une sorte de bahut qui trône au milieu de la pièce. De vieilles femmes racontent qu’un appel, par la fenêtre de Djeddi Menguellet, ramène des émigrés qui n’ont pas donné signe de vie, des années durant. Comme dans tous les lieux saints de la région, on offre toujours un couscous à la viande aux visiteurs. En certains endroits, la fête ne peut être totale qu’avec Idheballen (les musiciens) qui joueront et feront danser, durant toute la journée, les hôtes du jour. Dans les chaumières, on fête «thaachourth» de différentes manières. Si on constate des différences d’une région à une autre, personne, en revanche, ne déroge au «changement de menu», la veille de la fête. Ce sera, suivant les moyens de chacun, un couscous à la viande, un poulet ou un lapin. Ce qui, bien sûr, ne représente nullement une obligation mais simplement une occasion de «casser» la routine.
A.O.T.