La réunion du conseil de wilaya tenue, avant-hier, au siège de la cité administrative aura été une rencontre qui a mis à nu les multitudes carences des directions de divers secteurs qui ont failli dans l’accompagnement de la réalisation des nouveaux pôles urbains en chantier à travers la wilaya.
Les répliques du wali, Merad, visiblement surpris des exposés peu reluisants de ses directeurs (exception faite pour le DLEP, M. Banouh), étaient sans équivoque : «Les gens vont aller habiter sous peu, et ils n’auront rien, ni assainissement ni eau ni équipements, pas d’écoles, pas de CEM, pas de centre de santé… je considère donc que pour Bouaïd rien n’a été fait. Mais, il faudra bien faire quelque chose et vite.
On fera venir le ministre de l’Habitat s’il le faut, mais il faut vite rattraper ce qui peut l’être dans les meilleurs délais pour permettre aux gens d’habiter en attendant la réalisation de tous les équipements qui doivent suivre», balance le wali, à la fois abasourdi et stoïque face à l’assistance. «Je vois qu’il n’y a pas de coordination entre vous».
La sentence était adressée au duo de l’urbanisme et de l’hydraulique qui se rejetaient la balle lors de leur intervention respective pour tenter d’expliquer l’absence du réseau d’assainissement alors que de son côté M. Banouh, semblait franchement à l’aise d’annoncer que 1 500 logements sont d’ores et déjà habitables sur place.
Et ce chiffre sera porté selon ses prévisions à 3 000 unités dès juin prochain. Avec une bonne dose d’humour, il s’est même permis des piques indirectes à l’égard de certains de ses collègues de l’exécutif «mauvais élèves». «Il ne faudrait pas attendre l’installation des premiers résidents pour labourer le bitume», balançait-il à qui voulait l’entendre. Dans le tas, tous ceux qui sont censés mettre en place des réseaux sous terre, notamment d’eau potable, d’assainissement, du gaz, et peut-être même de téléphone et d’électricité venaient d’en prendre pour leurs grades.
«Les enfants ont besoin de ça et le troisième âge a besoin de ça», rajoutait une couche le DLEP. Ce dernier venait de ramasser, en fait, les différents intervenants qui ont peu rassuré le wali qui semblait comme abasourdi par les synthèses qu’on venait de lui présenter. Et il y avait de quoi l’être : Assainissement pas du tout au point, et paraît-il certaines opérations de ce chapitre ne sont même pas encore inscrites, le réseau AEP également à faire au moment où le projet du château d’eau souffre de l’avis du directeur de l’hydraulique d’une opposition depuis plus d’une année, le réseau électrique reste tout aussi à envisager même si théoriquement, on parle de deux lignes sous terraines prévues… Le téléphone, internet,… restent dans ce cas de figure des luxes dont les débats pouvaient bien faire l’économie.
On a, toutefois, évoqué la possibilité de prévoir la couverture du pôle en 4G le cas échéant, en attendant la mise en place du réseau fixe. Encore de la théorie ! «Je suis désolé mais, donc, rien n’a été fait», résumera encore M. Merad. Un état de fait qui jette un contraste de plus sur l’avenir de ce pôle déjà sensiblement affecté au nom de l’austérité proclamée, par le gel qui touche les grands projets prévus sur ce site, comme le nouveau CHU, la grande salle de spectacle (le Zénith), le complexe sportif, du reste pas encore inscrit…
Il faut dire que c’est un véritable pôle urbain qui est projeté sur ces sites de Bouaïd-Oued-Falli avec pas moins de 8.100 logements, dont les potentielles livraisons «attendues à l’horizon juin 2016, soit juste avant la prochaine rentrée sociale, sont estimés à 4 846 unités relevant du programme LPL, soit un apport d’environ 24 200 habitants», note M. Banouh dans sa présentation. Néanmoins, regrette-t-il, «la livraison et l’occupation de ces logements est grevée d’entraves relatives au manquement à la viabilisation et aux équipements publics d’accompagnement restant à faire notamment ceux relevant du secteur de l’éducation, de la santé et de la sécurité».
Tout reste donc à faire sur ces sites où jusque-là les travaux effectués par la DUAC se limitent à l’ouverture de quelques voies d’accès, le raccordement d’une petite partie en AEP et assainissement en attendant son extension et les compléments nécessaires, telle la station d’épuration prévue à Oued Falli qui, de l’avis du wali, demeure une nécessité absolue quitte à saisir le Premier ministre pour solliciter son intervention pour sa réalisation dans un futur proche.
Pour les autres équipements de moindre urgence, le premier responsable a fait part de la disponibilité de l’administration à affecter au privé ces projets, comme le Zénith, la salle de sport,… D’un sujet à un autre, ce fut également l’occasion pour le wali d’évoquer les opérations dramatiques qui donnent un sacré coup à l’environnement comme la prolifération des déchets des lieux clandestins de vente d’alcool et de l’extraction illicite du sable du Oued Sébaou. Il a promis de sévir en faisant valoir la loi désormais pour rétablir l’ordre.
Djaffar C.
