Réinhumation des ossements du chahid Mohamed Bouhaci

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La célébration du 61ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution algérienne du premier novembre a débuté la veille (samedi) à Tizi-Gheniff, par la réinhumation des ossements du chahid Mohamed Bouhaci au carré des martyrs d’Adila.

En effet, aux côtés des membres de la famille du martyr, étaient présentes, en cette matinée d’avant-hier, toutes les autorités civiles et militaires de la daïra, à leur tête M. Ahmed Mekki, le chef de ladite daïra, et M M. Saïd Mansour et Amar AKrour, respectivement P/APC de Tizi-Gheniff et de M’kira, entourés des membres de leurs exécutifs, de M. Ali Hanafi, responsable de la Kasma locale de l’organisation nationale des moudjahidines, des membres de la fédération des fils de

chouhadas (FFC), ainsi que d’anciens maquisards et des membres de la société civile qui, accompagnés des éléments de la nouvelle unité de la Protection civile de la localité se sont rendus à Tamdikt, plus précisément au hameau des Haddouche où fut exécuté avant d’être enseveli, au milieu de cette oliveraie, le moudjahid alors qu’il n’y avait aucune habitation aux alentours si ce n’est le nouveau camp de Tamdikt, situé à quelques centaines de mètres plus loin.

«Mon défunt mari est né le 16 septembre 1919 au village de Bouhadj (M’Kira), il est le fils de Amar Bouhaci et de Hassini Fatma. Comme vous savez, le village de Bouhadj était un fief de la révolution, d’autant plus qu’il est situé aux limites de la wilaya III et de la wilaya IV ainsi que de celle de la zone autonome d’Alger, ce qui fait que le chahid qui devait sûrement être un militant avait embrassé la révolution à ses débuts», nous répond Na Yamina Ouchavane, une moudjahida qui continua le combat, quant à elle jusqu’à l’indépendance nationale, et malgré son âge avancé et son invalidité elle avait tenu, en personne, à superviser l’opération de remonter les ossements du chahid.

«Pour ce qui est de la date de sa mort et des circonstances, je ne peux pas dire exactement le jour, mais cela doit correspondre à la fin du mois d’octobre et début novembre 1959 d’autant plus que l’opération baptisée par l’armée coloniale et qui avait débuté pour nous à M’Kira, le samedi 25 juillet 1959 se poursuivait encore avec la création de ce camp de regroupement ou de concentration de Tamdikt et avec l’évacuation et la destruction de tous les villages environnants, à commencer par celui de Bouhadj, alors que pour les circonstances, selon ce que j’avais entendu à l’époque, le petit groupe dont faisait partie le chahid avait essuyé des tirs des soldats français qui étaient en embuscade aux environs de Tala N’Cheikh alors qu’il était juste en face sur le versant Nord de Védhia.

Blessé sûrement, il fût emmené au camp de Tamdikt avant d’être conduit à cet endroit pour y être fusillé», nous raconte Na Yamina Ouchavane qui garde une mémoire intacte. Aussi, assise sur une chaise, elle ne quittera pas des yeux les jeunes éléments de la nouvelle unité de la Protection civile de Tizi-Gheniff qui auront non seulement un grand mal à atteindre les ossements du fait de la grande couche de terre qui avait recouvert la tombe mais ils se dévoileront comme étant de véritables archéologues en atteignant les ossements qui n’avaient pas eu une véritable sépulture et qui étaient mélangés à la terre. Ainsi, lorsque le dernier os fut placé dans le sac blanc, Na Yamina Ouchavane tint à appeler les jeunes sapeurs pompiers à venir à elle et n’hésita pas à baiser leurs mains et les remercier pour leur courage et leur bravoure. Ces derniers, confus et ne s’attendant pas à ce geste de cette vieille moudjahida, presque centenaire, très connue et respectée, étaient intimidés tout en lui exprimant qu’ils n’avaient fait que leur travail et leur devoir auxquels, ils étaient préparés.

Lorsque le petit sac blanc fut placé dans l’urne, puis recouvert de l’emblème national, une section de gendarmes lui présenta les armes avant d’être placé à l’intérieur de l’ambulance pour y être réinhumé au carré des martyrs d’Adila, quelques instants plus tard puisqu’il n’y a que deux kilomètres à parcourir. Donc, en cette matinée du premier novembre, comme d’habitude, le cérémonial débuta par le dépôt d’une gerbe de fleurs au niveau du carré des martyrs, situé en face du siège de l’APC avant que tous les présents n’aillent également à Adila, au cimetière des martyrs qui compte dorénavant 51 tombes dont une seule, la dernière, celle du chahid Mohamed Bouhaci, qui n’est pas anonyme alors que toutes les autres ne portent aucun nom ni aucune date de décès.

La troisième et dernière gerbe de fleurs sera déposée au pied de la stèle du mémorial «Chahid le colonel Ali Mellah dit Si Chérif» avec une minute de silence à la mémoire des martyrs de la révolution et la lecture de la Fatiha du saint Coran. Par ailleurs, l’inauguration de la nouvelle unité locale de la Protection civile mise en service il y a quelques semaines ainsi que celle du stade communal qui avait été également homologué et qui a commencé à abriter les différentes rencontres, ont été annulées pour certainement des raisons protocolaires.

Essaid Mouas

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