La deuxième édition du Festival « Lumière sur le patrimoine historique et culturel de la Kabylie », qui s’étalera jusqu’au 10 du mois en cours et se promènera à travers plusieurs localités de la Kabylie, a été lancée, hier, à Ath Yenni, avec un hommage particulier rendu à l’icône Idir en présence de Kamel Tarwihth, l’autre invité de marque.
Le premier acte de la journée a été le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de l’autre illustre figure de la région, Mouloud Mammeri. L’ouverture fut aussi marquée par une chorale de jeunes mômes qui a déclamé des chants de l’artiste, entièrement dédiés à la cause amazighe et aux valeurs. Deux conférences témoignages étaient également dédiées à la vedette du jour, lors de cette journée de lancement des festivités. Ce fut aussi l’occasion pour rendre hommage au village Tigzirt qui a été récemment sacré parmi les villages les plus propres de Kabylie. Une offrande a été organisée sur place pour les nombreux présents à l’événement dans la joie et la bonne humeur. Ce n’est guère de coutume en pareilles saisons, mais Ath Yenni avait l’air, hier, bien peuplée pour une localité généralement désertée par ses habitants à cette période de l’année. Ils sont, donc, revenus spécialement pour lui. Pour leur fils, leur frère, leur voisin, bref pour Hamid Ath Larbi tout court, comme on l’appelle encore ici. Ils ont de l’estime, beaucoup de respect et d’admiration pour lui. Avant-hier, il était loin de s’imaginer qu’il allait être reçu de la sorte. Il ne manquait que la fanfare. Bien qu’arrivé tardivement (début de soirée, peu avant 19 heures) sur place en raison de l’arrivée tardive de l’avion qui transportait Kamel Tarwiht, spécialement venu de Paris (Idir était lui en séjour à Alger depuis plusieurs jours), la foule était là à Taourirth L’hadjadj, lieu où l’accueil de la délégation était prévu. Idir aura eu droit à un véritable bain de foule. En guise de bienvenue, il aura eu droit à un beau burnous traditionnel bien de «chez lui», sous les acclamations et les youyous. C’est à pied, sous l’éclairage public et les crépitements des flashes, que le convoi ralliera la mairie sous la bonne escorte des maires de la localité et de celle d’Akfadou, également partie prenante dans l’organisation de ce festival. Le trajet est à peine de quelques dizaines de mètres, mais il a fallu bien du temps pour aboutir dans la grande salle de la mairie où une collation était prévue. «Je vous en remercie, vous nous avez agréablement reçus. Franchement, je ne m’attendais pas à ça. Quand on est simple, forcément on ne pense qu’à des choses simples, et je me suis dit que je vais chez des gens simples pour vivre des choses simples. Quand je vois autant d’efforts déployés pour moi, ça me réjoui beaucoup. On dit souvent que nul est prophète dans son pays mais à travers votre accueil, je me dis c’est ce qui peut arriver de mieux à un artiste. Et ça me permet de dire peut-être alors que je ne me suis pas trop trompé dans ce que je fais. J’ai toujours essayé de faire des chansons dont on n’éprouve aucune gêne ni honte à reprendre là où on est avec qui on est, car je les ai faites pour moi, ma mère, vous… Aujourd’hui, vous ne pouvez pas imaginer mon émotion de vivre ces moments parmi vous, merci», dira Idir, lors de sa prise de parole. De son côté en prenant la parole, Kamel Tarwihth dira d’une manière très subtile merci à Ath Yenni et à Idir pour cet honneur qui lui a été réservé : «Ath Yenni a enfanté de grandes figures dont la Kabylie peut être fière, et même au-delà l’Algérie. Parmi ces figures Idir. Dans la vie, il y a des choses qui commencent petites pour devenir grandes comme l’être humain, les plantes… D’autres apparaissent grandes pour devenir petites et même disparaître comme les chocs, le deuil… Mais il y a encore d’autres qui naissent grandes et restent grandes comme cette rencontre et Idir. Longue vie à vous et vive Tamazight.» À signaler, par ailleurs, que le festival déménagera dès aujourd’hui vers Akfadou, demain sur Ighil Ali, après demain à El Kalaâ n’Ath Abbas avant de revenir sur Béni Douala où il est prévu la clôture en hommage au rebelle, Lounes Matoub, une escale rajoutée à la dernière minute au programme. Au menu du programme : toujours des conférences, des expositions, des tables rondes et des sorties sur sites archéologiques, entre autres activités retenues.
Djaffar C.