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Ces artisans en quête d’exportation !

« Près de 10 000 artisans opérant à Tizi-Ouzou n’arrivent pas à exporter leurs productions que ce soit en dehors de la wilaya ou à l’étranger ».

Il s’agit là d’un constat amer élucidé lors d’une journée portes-ouvertes sur l’exportation organisée, hier, par l’association Espace promotion des investissements (EPI) en collaboration avec l’APW de Tizi-Ouzou. Cette journée qui se veut comme un espace dédié à la promotion de l’exportation locale, a été animée par M. Ali Bey Nasri, président des associations des exportateurs, qui a préconisé la création de coopératives d’exportation afin de faciliter celle-ci pour les opérateurs locaux. Intervenant à l’entame de cette rencontre, le représentant de l’APW de Tizi-Ouzou dressera un tableau des plus noirs sur les contraintes ayant jusque-là entravé la promotion de l’exportation locale. «Moins de 8 % des opérateurs économiques travaillent dans le secteur primaire ou productif à Tizi-Ouzou. La plupart d’entre eux préfèrent opérer dans le secteur des services», déclarera-t-il d’emblée. La raison de ce constat, selon lui, est due au faible taux d’intégration induit par le déficit en termes d’infrastructures de base pouvant dynamiser l’économie locale, et par conséquent, la promotion de l’exportation. «Il y a une seule route menant vers la capitale à partir de Tizi-Ouzou, et il faut 03 heures pour la joindre. Cette réalité ne peut pas encourager les acteurs économiques à aller de l’avant», dira-t-il. De son côté M. Guerbas Rachid, président de l’EPI de Tizi-Ouzou, fera savoir que l’objectif de l’organisation de cette journée sur l’exportation est de bâtir des passerelles entre l’Etat et les opérateurs économiques afin de créer des richesses. Car selon lui, «près de 10 000 artisans opérants à Tizi-Ouzou n’arrivent pas à exporter leurs productions». Le conférencier n’a pas cité l’activité exacte de ces artisans, mais il va sans dire qu’il s’agirait des bijoutiers, potiers, tisseuses, étant donné que ces facettes de l’artisanat sont les plus répondues à Tizi-Ouzou, bien que la wilaya recèle aussi d’autres activités et métiers.

La problématique des importations

Intervenant à son tour, M. Ali Bey Nasri, président de l’association nationale des exportateurs, fera une esquisse sur l’évolution des indicateurs macro-économiques de l’Algérie, ces dernières années. Pour lui, le commerce extérieur algérien est malade, et ce, depuis au moins le début des années 2000. «Depuis le début des années 2000, les importations algériennes se sont multipliées six fois, tandis que les exportations ne le sont que de trois fois», précisera-t-il. C’est ce constat qui fera de l’Algérie, d’après lui, un pays non exportateur. Dans ce sillage, l’expert dira que notre pays est passé de 20 milliards d’excédent en 2011 à 06 milliards de déficit en 2014 dans la balance des payements. Aussi, le déficit de la balance des payements pour l’année 2015, pourra, selon lui, dépasser largement les 27 milliards de dollars, ceci pour cause de l’accroissement des importations et de la balance des services. Et d’ajouter : «En 2015, le déficit de la balance commerciale du pays est la plus déficitaire depuis 20 ans». Il a souligné en outre, que la balance dans le secteur des services en Algérie est la plus déficitaire dans tout le bassin méditerranéen, laquelle est de l’ordre de 10 milliards de dollars. Pour la problématique de l’accroissement des importations algériennes ces dernières années, M. Ali Bey Nasri affirmera que les mesures prises dans la loi de finances complémentaire (LFC) de 2009 pour stopper cette hémorragie, n’avaient pas atteint le but escompté. Les importations sont passées de 40 milliards de dollars en 2009 à près de 60 milliards de dollars en 2014, c’est-à-dire, une progression de celles-ci de près de 50 %. De ce constat, il ne s’agit pas, selon lui, de réduire les importations seulement, mais il s’agit de les réduire par une stratégie de substitution à celles-ci. Pour l’expert, la Tunisie et le Maroc ont dépassé largement l’Algérie en termes de capacités d’exportation dans le secteur des produits agricoles. En effet, l’Algérie a exporté en 2014, près de 60 millions de dollars en produits agricoles, contre 02 milliards de dollars pour le Maroc et 01 milliard 200 millions de dollars pour la Tunisie. De même, selon lui, la Tunisie exporte près de 900 millions de dollars d’huile d’olive, dépassant de ce fait la capacité exportatrice de l’Etat dans les dérivés des produits pétroliers.

Promouvoir l’exportation locale

L’expert citera, en outre, l’exemple de Cévital qui, selon lui, a fait une prouesse en termes d’exportation. «Cévital a réussi à exporter dans des conditions que nous connaissons 400 000 tonnes de sucre raffiné. Il s’agit de 250 millions de dollars d’exportation dont 60 millions de dollars vont au budget de l’Etat comme valeur ajoutée, et ce, tout en prenant en considération les emplois créés», dira-t-il. Par ailleurs, en revenant à la problématique de l’exportation, M. Ali Bey Nasri préconisera des voies à même d’aider les opérateurs économiques locaux, à faire écouler leurs productions en dehors de la wilaya, ou à l’étranger. À cet effet, il a plaidé pour la création de groupements d’opérateurs locaux pour faciliter l’acte d’exportation de leurs produits. Avant cette étape, selon lui, il faut établir des diagnostics à l’exportation pour savoir si les dirigeants de l’entreprise veulent réellement aller à l’exportation. Par la suite, il s’agit de savoir les atouts dont dispose l’entreprise en termes de la taille de celle-ci pour l’export, des capacités financières ainsi que des ressources humaines. Pour sa part, M. Hamadou, ex-responsable des impôts à Tizi-Ouzou et conseiller juridique et fiscal, a centré son intervention sur les facilités octroyées pour les exportateurs. Pour lui, l’acte d’exportation est défiscalisé les exportateurs sont exonérés de l’IBS, de la TVA et de la TAP. «Il s’agit là d’exonérations permanentes», précise-t-il. S’agissant des entraves en termes de fiscalité qui, selon lui, freinent un tant soit peu les exportations, l’orateur citera celle de l’IRG. Pour y remédier, M. Hamadou plaide pour que les exportateurs s’organisent en groupements afin d’obtenir l’exonération de l’IRG et faciliter, par conséquent, l’acte d’exportation pour l’opérateur local.

Rachid B.

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