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Le diktat des commerçants

Encouragés par le laxisme des pouvoirs publics, des commerçants font la loi aux quatre coins de la wilaya de Béjaïa !

Se promener dans nos villes et agglomérations est devenu une entreprise dangereuse pour les citoyens. Les trottoirs sont transformés en propriétés privées et le piéton, un intrus qui dérange. Tout cela se passe majoritairement pendant la journée ; il est pratiqué impunément au vu et au su de tous, au point que c’est devenu une pratique légitime, notamment au niveau des grands centres urbains, à l’image du chef-lieu de wilaya de Béjaïa. Les autorités : présidents d’APC, services de la répression des fraudes, services d’hygiène, policiers et gendarmes en fonctions feignent de voir l’anomalie. Nos trottoirs sont devenus de véritables souks, on y trouve de tout ! Des étals ont été confectionnés spécialement pour occuper ces espaces ! Une panoplie de marchandise y est exposée à longueur de journée : brouettes, tuyaux en PVC, outils de toutes natures, machines à laver, frigidaires, lavabos et même des baignoires, par endroit, on peut même apercevoir des chambres à coucher entières. L’ingéniosité des commerçants, leur a permis d’inventer des dispositifs pour accrocher et exposer des vêtements ainsi, des pantalons, des robes et toute sorte d’habits sont suspendus et barrent entièrement la vue. Devant les restaurants, des rôtissoires et des grils sont entreposés renvoyant leur chaleur et leur fumée aux visages des passants et inondant les appartements sis en surélévation. Même, la partie de la chaussée adjacente aux locaux de commerce n’échappe pas à ce phénomène, elle reste interdite aux passants car elle sert de garage pour le commerçant : soit, il dépose de la marchandise, ou, il gare son véhicule. Nos commerçants ont horreur du vide ! Ils occupent tout espace vacant attenant à leurs locaux de commerce. Rares sont les commerces qui ne débordent pas sur les trottoirs. Des produits alimentaires périssables, tels que le lait, l’eau minérale, les fruits et légumes et le pain, sont exposés à la chaleur et à la poussière mettant en péril la santé des consommateurs car, les services d’hygiène, qui dépendent des APC, ne font pas leur travail. Que reste-t-il au piéton ? Juste cinquante centimètres à peine ! Quand il ne trouve pas où marcher, il se rabat sur la chaussée et met sa vie en péril. Pour certains, étaler et vendre une marchandise a plus de valeur qu’une vie humaine ! Durant la période de scolarité faute d’espace, on peut apercevoir des petits écoliers flirtant avec des bahuts car, ils évoluent carrément sur la partie réservée aux véhicules. Plusieurs d’entre eux ont été ainsi fauchés par des automobilistes et des familles furent endeuillées. Plusieurs rixes se sont produites entre passants et commerçant car, gare au piéton qui renverse une marchandise ou qui manifeste sa désapprobation vis-à-vis de cette pratique ! Il risque simplement d’être roué de coups et même, lynché par les commerçants qui se solidarisent à l’occasion. La réglementation existe mais reste lettre morte. Faute d’autorité les P/APC qui ont tenté de combattre ce phénomène ont vite fait de déchanter car, les arrêtés municipaux visant à réprimer ces comportements sont caducs puisque personne ne les prend au sérieux. Cette anarchie qui règne et la laideur de son espace vital font que le citoyen se sente agressé de partout ! Sa frustration, une sensation fortement préjudiciable à sa tranquillité et à sa quiétude s’accroit considérablement et lui fait perdre confiance. Son optimisme prend un coup et sa vision de l’avenir s’assombrit car, quand on n’arrive pas à organiser les trottoirs, comment peut-on défaire des situations confuses relatives à l’existence dans un monde si compliqué ?

Saïd M.

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